La Banque mondiale suspend la publication du rapport Doing Business en raison d’« irrégularités dans les données» relayées dans les rapports Doing Business. Le groupe dit avoir lancé une série d’ examens et d’ audits du rapport et de sa méthodologie.
Dans un communiqué publié jeudi 16 septembre, la Banque mondiale a annoncé mettre fin à son enquête annuelle « Doing Business ». « La confiance dans la recherche du groupe de la Banque mondiale est vitale. Elle éclaire les actions des décideurs, aide les pays à prendre des décisions mieux informées et permet aux parties prenantes de mesurer plus précisément les améliorations économiques et sociales », indique l’institution financière dans son communiqué.
À l’avenir, nous travaillerons sur une nouvelle approche pour évaluer le climat des affaires et de l’investissement, poursuit la même source.
Soupçons de manipulation
Une enquête sur des irrégularités dans un rapport annuel de la Banque mondiale a épinglé Kristalina Georgieva, qui était alors DG de la banque et qui dirige actuellement le Fonds monétaire international (FMI), des accusations qu’elle a tenu à réfuter. Les conclusions de cette enquête, menée par le cabinet d’avocats WilmerHale, à la demande du comité d’éthique de la Banque, ont soulevé des questions sur le jugement de Mme Georgieva pendant son mandat à la Banque mondiale, faisant état de «Â pressions » que la banque aurait subie pour favoriser la Chine, son troisième actionnaire après les États-Unis et le Japon.
L’enquête a porté en particulier sur des accusations selon lesquelles de hauts responsables de la Banque mondiale auraient fait pression sur l’équipe qui mène l’enquête Doing Business pour améliorer le classement de ce pays dans son rapport 2018.
Le Groupe de la Banque mondiale arrête la publication du rapport Doing Business. https://t.co/xnATiiKuCT
— Banque mondiale (@Banquemondiale) September 16, 2021
80 000 documents analysés
Kristalina Georgieva aurait réprimandé un haut responsable de la Banque mondiale pour « avoir mal géré les relations de la Banque avec la Chine et ne pas avoir apprécié l’importance du rapport Doing Business pour le pays », selon le rapport qui a analysé 80 000 documents et interrogé plusieurs dizaines d’employés actuels et anciens. Sous la pression, ses équipes auraient alors modifié certaines données, et permis à la Chine de conserver sa 78e place, au lieu de dégringoler de sept places. Kristalina Georgieva aurait ensuite remercié ce responsable d’avoir « fait sa part pour le multilatéralisme », et aidé à « résoudre le problème », rapporte l’enquête.
Kristalina Georgieva, qui a pris la tête du FMI en octobre 2019, a réfuté ces accusations. « Je suis en désaccord fondamental avec les conclusions et les interprétations » de cette enquête « en ce qui concerne mon rôle dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale de 2018 », a-t-elle réagi. « J’ai d’ores et déjà tenu une réunion avec le conseil d’administration du FMI sur ce sujet », a-t-elle ajouté.