Amnesty International a accusé, mercredi, les forces de sécurité nigérianes d’avoir tué au moins 115 personnes entre mars et juin cette année, dans la répression d’un mouvement sécessionniste dans le sud-est du pays.
Selon une déclaration publiée par Amnesty International, les forces de sécurité du Nigéria ont fait usage d’une force excessive dans les régions d’Anambra, Imo et Abia, dans leur réponse à la violence des séparatistes réclamant l’autonomie. Elle a indiqué que les forces de sécurité dans ces zones ont tué 115 personnes, en plus de l’arrestation de 500 autres.
Le rapport basé sur des témoignages oculaires dénoncent également “l’utilisation excessive de la force, d’abus physiques, les arrestations secrètes, l’extorsion… et l’exécution extrajudiciaires de suspects“. En plus des forces gouvernementales, Amnesty pointe aussi du doigt la responsabilité, dans les violences, du groupe séparatiste interdit “les Peuples autochtones du Biafra“, leurs ailes militaires, et le Réseau de sécurité de l’Est. Les autorités nigérianes ont rejeté les informations contenues dans le rapport de l’organisation.
Le Nigeria a récemment intensifié la répression contre les indépendantistes, notamment en poursuivant en justice leurs dirigeants. Le mois dernier, le chef et fondateur de l’Ipob, Nnamdi Kanu, a été arrêté au Kenya après quatre ans de cavale, selon ses avocats, et ramené fin juin au Nigéria, pour être jugé, accusé notamment de « terrorisme » et de « crime de trahison ».
L’Ipob rêve de voir renaître la défunte République du Biafra, dont la proclamation d’indépendance avait entraîné une guerre civile de 30 mois entre 1967 et 1970. Le conflit a fait plus d’un million de morts, principalement des Igbo, surtout de famine et de maladie.
Un autre leader séparatiste, Sunday Adeyemo, également connu sous le nom de Sunday Igboho, a été arrêté en juillet au Bénin voisin, alors qu’il tentait de prendre un vol pour l’Allemagne. Il est actuellement détenu au Bénin dans l’attente de son extradition. Il réclame lui aussi l’indépendance du sud-ouest du Nigéria pour le peuple Yorouba suite à des violences attribuées à des éleveurs peuls dans sa région. Le président Muhammadu Buhari, un Peul, est accusé par ses détracteurs de favoriser ses proches du nord, dont beaucoup ont été nommés à des postes de responsabilité au Nigéria.