La Turquie a récidivé. Elle a converti l’église Sainte-Sophie en mosquée. Pour marquer une nouvelle provocation envers l’ancienne communauté grecque orthodoxe et la Grèce, Ankara a organisé la cérémonie d’ouverture au réveillon de Noël, le 24 décembre.
C’est une énième reconversion très symbolique qui confirme le repli et le tournant islamo-nationaliste du pouvoir turc dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan. La Turquie a transformé la veille de Noël l’église Sainte Sophie d’Ainos (Enez), à Adrianoupoli (Edirne), en mosquée (Mosque-i Sharif) après l’achèvement de sa « restauration » par la Direction générale des institutions.
L’église Sainte Sophie d’Ainos (Enez) est un édifice byzantin du 12e siècle. « Après l’inauguration l’année dernière de la mosquée Sainte-Sophie à Istanbul, nous nous retrouvons aujourd’hui pour l’inauguration de la mosquée Sainte-Sophie à Ainu-Edirne », a déclaré le président turc des affaires religieuses, Ali Erbas.
Après la conquête d’Istanbul par l’Empire ottoman en 1453, cette église a été transformée en mosquée. Mais elle a été gravement endommagée par le tremblement de terre de 1965 et est en ruines depuis lors. Elle est restée dans cet état pendant plus de 50 ans. C’est ainsi qu’elle a été restaurée 56 ans plus tard et ouverte à la prière (musulmane) du vendredi par Ali Erbas.
Effacer les traces de la civilisation grecque et chrétienne
Les récentes reconversions d’anciennes églises byzantines visent à galvaniser la base électorale conservatrice et nationaliste d’Erdogan, dans un contexte de difficultés économiques aggravées par l’épidémie, estiment les spécialistes. Sans oublier les tensions avec la Grèce, souligne Zeynep Turkyilmaz, historienne de l’Empire ottoman. « Il y a une volonté d’effacer les traces de la civilisation grecque et chrétienne », estime l’historienne. « En mettant la main sur un lieu appartenant à la civilisation grecque, on rappelle aussi à la Grèce sa place d’ancien membre de l’empire que les Turcs dominaient ».