Si cela peut s’inscrire comme une de rares revanches politiques contemporaines à l’image du come-back de Lula au Brésil (Luiz Inacio Lula da Silva a retrouvé le palais présidentiel de Brasilia en 2023 à 77 ans, et revient au pouvoir après 580 jours en prison) ; l’éventualité d’un retour aux affaires de Donald Trump accablé par plusieurs dossiers en justice, après son départ de la Maison Blanche reste scruté de très près.
Tant les enjeux et implications avec la situation de crise que connait le monde avec les conflits en Europe et au Moyen-Orient restent préoccupant. Voir aussi, la situation au Sahel ou l’occident perd de plus en plus les pieds, où prennent la main la Russie, la Chine ; l’Iran et la Turquie.
A quatre mois de la présidentielle aux Etats-Unis, c’est la veillée d’arme. Toutes les chapelles politiques tournent à plein régime. Entre meetings et conventions, chacun pousse ses pions.
Sans surprise, Donald Trump a prononcé le jeudi 18 juillet 2024 son discours capital, dans lequel il a formellement accepté d’être le candidat du parti Républicain à la présidentielle de novembre prochain, en clôture d’une convention historique à Milwaukee.
Il s’agit du premier discours de l’ex-locataire de la Maison Blanche depuis la tentative d’assassinat survenue le samedi 13 juillet en Pennsylvanie.
Trump a conclu son discours avec son célèbre slogan : « tout simplement, nous ferons de l’Amérique un pays à part entière, tout simplement, nous allons rendre à l’Amérique sa grandeur ».
Alors que de son côté, Joe Biden, du parti Démocrate, président en exercice, testé positif au Covid-19, est plus que jamais sous pression pour retirer sa candidature à la Maison Blanche.
Face à son adversaire visiblement défavorisé par le poids de l’âge, contre qui s’accumulent, lapsus, débat raté, mauvais sondages, et Covid, Trump quant à lui semble avoir le vent en poupe.
Trump la Solution ?
Présenté comme un antisystème et même la pire des choses qui puisse arriver au Etats Unis, Trump ne manque pas de jouer de ses atouts d’animal politique, ‘’la brute’’ comme le désignent sans langue de bois certains au propos plus acerbes à son endroit.
Il ne manque pas de surfer sur cet aspect qu’il met si bien à son actif au point de s’ériger en la solution, alors que le camp d’en face le présente comme une menace pour les Etats-Unis.
Et c’est a raison qu’il joue de cet atout quand il parle de certains dirigeants comme le « dictateur » nord-coréen Kim Jong Un, rappelant son entente avec ce dernier et se dépeint en dirigeant à la stature internationale, capable de mettre fin aux conflits dans le monde « avec un coup de téléphone ».« Je crois que je lui manque », s’exprime-t-il au sujet de Kim Jong Un, promettant que s’il revenait à la Maison Blanche, la Corée du Nord, qui possède l’arme nucléaire, arrêterait de lancer des missiles.
Sa position suite aux brasiers sur la planète, ne manquera sans doute de séduire plus d’un lorsqu’il affirme, « Nos adversaires ont hérité d’un monde en paix et l’ont transformé en une planète en guerre, (…) Regardez cette attaque contre Israël. Regardez ce qui se passe en Ukraine ».
Mauvais présage pour les défenseurs de l’environnement ?
Trump, pour qui l’élection présidentielle de novembre est « la plus importante » de l’histoire des États-Unis, dénonce un « mauvais leadership » de son successeur et potentiel chalenger à ce scrutin. Il enfonce le clou pour toucher l’égo de ses concitoyens et affirme : « Nous sommes une nation sur le déclin ».
Avec la position des Etats-Unis dans le monde au regard de l’influence et la montée de certaines nations, il se positionne en ‘’sauveur’’.
L’ex-président s’affirme à l’antipode de l’administration Biden. S’inscrivant suivant sa logique de rupture qu’il a mise en Å“uvre en prenant la suite d’Obama à la Maison Blanche. Une rupture que tente de corriger Biden depuis sa prise de pouvoir en 2020.
Trump dont l’une des mesures phares à sa prise de pouvoir était le retrait des Etats Unis de l’accord de Paris sur le climat, annonce les couleurs. Tel qu’on le lui connait, et qu’il ne cesse de le marteler ; devant la convention républicaine, il a juré de « forer à tout va » et de « fermer la frontière », annonçant qu’il veut finir de construire le mur à la frontière avec le Mexique. Deux priorités qu’il traiterait au premier jour de son nouveau mandat. En cas de retour au pouvoir, il souhaite aussi réorienter l’ensemble des fonds alloués aux ambitieuses mesures environnementales décidées par Joe Biden, qu’il qualifie de « arnaque verte ». De quoi faire l’affaire des climato-sceptiques et des géants de l’industrie.
Quid de la Démocratie ?
Très attendu sur le volet de la menace sur la démocratie à son avènement au pouvoir, lorsqu’on se rappelle de l’attaque du Capitol par ses soutiens en 2020, et dont l’accablent les Démocrates qui ont critiqué sa rhétorique ces dernières années en le qualifiant « d’ennemi de la démocratie », Donald Trump ne passe pas fin démocrate dans l’opinion.
En tablant sur l’unité de la nation, il clame être le sauveur de la démocratie en répondant aux critiques des Démocrates, soutenant : « Je suis celui qui sauve la démocratie pour notre pays».
Cependant, ses propos contrastent avec la lecture que se fait l’opinion des plus hautes instances du parti Républicain à la tribune de la Convention de Milwaukee.
Le choix du sénateur de l’Ohio, J.D. Vance, désigné colistier par Donald Trump, qui fait partie de ce cercle n’est pas exempte de soupçons. Ce dernier est un ami proche de Donald Jr, le fils de Trump.
Selon Natasha Lindstaedt, professeure à l’université d’Essex au Royaume-Uni, si Trump ne pouvait pas choisir un de ses fils ou filles, ou belles-filles, comme colistier, car cela n’aurait pas fonctionné, elle voit tout de même sa volonté manifeste « d’établir une dynastie ».
Dans la peau du candidat investi du parti Républicain, et potentiel locataire de la Maison Blanche, Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky ont prévu de se téléphoner au lendemain de la convention, le vendredi 19 juillet, rapportent CNN. Une première conversation entre les deux hommes depuis que Trump a quitté la Maison Blanche.
Une option qui peut également peser dans la campagne de Trump à l’antipode de ce qui est présagé de son avènement à la maison Blanche sur le soutien des Etats-Unis à l’Ukraine, mais aussi une assurance tout risque pour Zelensky à une éventuelle élection de Trump. Avec des « si » on pourrait faire le monde !