La Somalie a élu dimanche pour la seconde fois Hassan Cheikh Mohamoud à la présidence, au moment où le pays de la Corne de l’Afrique doit faire face à une insurrection islamiste et à la famine qui menace.
Après un vote marathon pour départager 36 candidats, retransmis à la télévision nationale, des fonctionnaires du Parlement ont dénombré plus de 165 votes en faveur de l’ex-président Mohamoud (au pouvoir de 2012 à 2017), qui a donc dépassé le nombre de suffrages requis pour vaincre le sortant, Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo.
Pour être élu dès le premier tour, un candidat doit rassembler au moins deux-tiers des voix des députés et sénateurs (184). Si aucun ne réunit ce total, un deuxième est organisé entre les quatre candidats arrivés en tête. Si aucun d’entre eux ne parvient à être élu, un nouveau tour de scrutin est organisé entre les deux candidats ayant réuni le plus de voix au deuxième tour.
Le vote a lieu après plus d’un an de retard dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique secoué par une longue crise politique, qui souffre aussi d’une sécheresse historique menaçant de provoquer une famine.
Des explosions ont été entendues près de l’aéroport alors que le vote commençait, rappelant combien la situation sécuritaire reste précaire dans le pays. Selon la police, aucune victime n’a toutefois été signalée.
Un an de crise politique
Le mandat de Farmajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l’organisation de nouvelles élections.
La prolongation de deux ans de son mandat par les députés en avril 2021 avait déclenché des combats à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991. Ces derniers mois ont aussi été marqués par une rivalité croissante entre Farmajo et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble qu’il avait chargé d’organiser les élections.
« Nous en avons assez de vivre dans l’incertitude… J’espère qu’un président sera élu et qu’aujourd’hui marquera la fin de ce cirque », a commenté dimanche à l’AFP Muktar Ali, un habitant de Mogadiscio.
L’élection suit un complexe système indirect, dans lequel les assemblées des Etats ainsi que des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président. « En termes de résultats, la politique somalienne est notoirement difficile à prévoir », explique Omar Mahmood, analyste à l’International Crisis Group: « C’est essentiellement une affaire d’alliances et de relations plutôt que de programmes ».
Dans ce contexte d’instabilité, les gens ont tendance à voter pour une certaine continuité, avait estimé avant le scrutin Samira Gaid, directrice exécutive de l’Institut Hiraal, spécialisé sur les questions de sécurité. « Les gens n’iront pas vers un nouveau visage, ils iront certainement vers d’anciens visages, des gens qu’ils reconnaissent, des gens avec lesquels ils se sentent plus à l’aise », a-t-elle déclaré à l’AFP.