C’est bien connu de tous qu’en matière de coopération entre États souverains, la première chose à considérer ce sont les intérêts respectifs de ces États, des intérêts clairement exprimés dans un protocole dûment signé par les deux parties, particulièrement quand il s’agit d’une coopération bilatérale, comme c’est le cas ici entre le Niger et les États-Unis.
S’il est vrai qu’en son temps, les autorités américaines et nigériennes avaient jugé utile de violer ces procédures légales, à ce moment-là, la question légitime que le peuple souverain du Niger se doit de se poser est la suivante : où sont les intérêts du Niger dans cet accord relatif au statut du personnel militaire et civil du département américain de la défense sur le territoire nigérien, qui vient d’être dénoncé par le CNSP ? Une question restée sans réponse depuis 2012.
En effet, peut-on parler des intérêts du Niger quand une note verbale, dans laquelle il n’y a aucune information dans ce sens, remplace un accord en bonne et due forme ? Comment parler des intérêts du Niger quand les Américains stationnés chez nous refusent de nous fournir les coordonnées des bases des terroristes qui nous attaquent quotidiennement ? Comment parler de nos intérêts dans cette soi-disant coopération qui nous oblige à payer les factures relatives à des taxes pour leurs avions militaires, alors que c’est eux plutôt qui devraient s’en acquitter ?
Comment parler des intérêts du Niger quand les États-Unis d’Amérique ne payent aucun COPEC au Niger pour le stationnement de leurs forces sur notre territoire, contrairement à la pratique qui a pourtant cours sous d’autres cieux, comme c’est le cas à Djibouti, où ils paient environ 63 millions de dollars par an rien qu’en frais de location pour leur base militaire ? Comment parler des intérêts du Niger quand nos partenaires américains violent allègrement la Charte de San Francisco de 1945 sur la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État souverain, et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, sous le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? Comment parler de nos intérêts quand les Américains pensent que leurs ennemis doivent forcément être nos ennemis ? Comment parler des intérêts du Niger quand les États-Unis d’Amérique nous dénient jusqu’au droit élémentaire de choisir nos partenaires ?
Bref, autant d’interrogations sans réponse, ce qui démontre à suffisance que le Niger n’a tiré aucun profit de cet accord, qui se révèle être un marché de dupes. Mais comme chaque chose n’arrive qu’à son heure, la dénonciation par le CNSP de cette coopération militaire qui nous a été imposée par le pays de l’oncle Sam met un terme à notre auto-légalisation et donne tout son sens à cette affirmation du général des brigades Abdourahamane Tiani, chef de l’État, quand il disait, je le cite, « nous ne sommes les tapettes de personne ».