L’autorité de régulation des médias au Nigeria a ordonné vendredi aux radios et télévisions de ne plus diffuser de « détails » concernant les attaques de groupes jihadistes ou criminels, pour ne pas présenter sous un jour favorable leurs activités.
Cette mesure a suscité une levée de bouclier de la part des défenseurs des médias, qui dénoncent une nouvelle mesure destinée à censurer la presse. Début juin, le gouvernement nigérian avait ordonné la suspension de Twitter pour « une durée indéterminée » dans le pays le plus peuplé d’Afrique, après la suppression par le réseau social d’un message du président Muhammadu Buhari jugé capable d’inciter à la violence.
Les forces de sécurité nigérianes sont engagées sur de multiples fronts, sur lesquels elles sont à la peine: face aux insurgés islamistes dans le nord-est, aux bandes criminelles de centre et le nord-ouest, et aux séparatistes dans le sud pétrolier.
Vendredi, la National Broadcasting Commission (NBC) a ordonné aux radios et télévisions de s’abstenir de donner des « détails » sur les activités des jihadistes et criminels dans leurs bulletins d’information.
« Les titres de la plupart des journaux sont consacrés aux sujets de sécurité, a constaté le régulateur des médias dans un communiqué. « Informer les Nigérians est une nécessité qui ne doit pas exclure la prudence, car donner trop de détails peut avoir un effet négatif sur l’action des forces de sécurité », a-t-elle souligné. Elle a aussi mis en garde contre le danger de « présenter sous un jour favorable les activités sanglantes des insurgés, terroristes, criminels ».
Le représentants des médias ont critiqué cette injonction, vue comme une atteinte à la liberté d’information. « La directive de la NBC est contraire à la liberté d’expression et aux règles d’exercice du journalisme », a ainsi réagi auprès de l’AFP le directeur d’un syndicat de journalistes (Nigeria Union of Journalists, NUJ), Adeleye Ajayi.