Ce 25 septembre 2023, le gouvernement de la Transition au Mali a annoncé un « léger report » de l’élection présidentielle. Entre autres raisons, les militaires ont évoqué la « prise en otage » d’une base de données par l’entreprise française IDEMIA.
Après avoir organisé avec une victoire massive (« oui », avec 96,91% des voix) son Référendum constitutionnel en Juillet dernier, le Mali a déclaré ne pas être en mesure d’organiser l’élection présidentielle prévue initialement les 4 et 18 février 2024. Comme raison évoquée entre autres, les militaires qui ont réussi brillamment l’organisation d’un référendum pour une nouvelle Constitution s’en sont pris encore à la France.
Si les raisons sécuritaires, habituellement évoquées par Bamako pour ne pas organiser les élections, sont aujourd’hui devenues obsolètes comme arguments, les autorités de la transition ont trouvé un nouveau bouc émissaire. Et pour surfer sur la vague du sentiment anti-français, le gouvernement malien de transition, dans un communiqué publié ce lundi 25 septembre, parle de la «Â prise en otage » d’une base de données par l’entreprise française IDEMIA.
Quid de l’entreprise française IDEMIA ?
Leader des technologies d’authentification, l’entreprise française Idemia est présente dans de nombreux pays africains et fabrique également plus de 50 % des cartes bancaires qui sont utilisées en dans toute l’Europe. D’après le communiqué du gouvernement malien, l’entreprise réclamerait 5,2 milliards FCFA (8,4 millions $) qui lui seraient dus avant de transmettre aux autorités l’accès à la base de données qu’elle a développée. En réponse, Bamako a annoncé son refus de payer la somme due à la suite d’un audit du contrat qui aurait révélé 15 irrégularités.
En effet, le choix de ce géant de l’identité numérique par les « panafricanistes » maliens pose problème, parce qu’ils étaient les mêmes à accuser le feu Ibrahim Boubacar Keïta, alors au pouvoir, d’avoir confié à Oberthur Technologies, aujourd’hui Idemia, la fabrication des passeports biométriques au Mali. Alors, pourquoi venir aujourd’hui livrer Idemia en vindicte populaire si autrefois, les mêmes autorités avaient la possibilité de choisir d’autres entreprises après les « récriminations » tant médiatisées ? De plus, si ce problème durait depuis Mars 2023, comment le gouvernement de la Transition a-t-elle pu organiser le référendum ?
En fin, n’y a-t-il pas des entreprises africaines spécialisées dans la sécurité numérique, la biométrie, l’identification et l’authentification, si tant est que tout ce qui vient de la France est sujet à polémique au Mali ?
Même si l’organisation d’un référendum est totalement différente à celle d’une élection présidentielle, chacune d’elles ayant ses propres défis et exigences, les raisons techniques évoquées par Bamako et les accusations portées contre le français IDEMIA d’entraver la présidentielle, ne semblent qu’être le nouveau bouc émissaire. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.