Plusieurs chefs d’État et de gouvernement ont participé à la cérémonie de la déposition de fleurs devant le mémorial du génocide où sont enterrées plus de 250.000 victimes. La cérémonie a été guidée par le président rwandais Paul Kagame.
En cent jours du génocide qui avait été organisé par les autorités du pays ont été exterminés entre 800.000 et 1,1 million de Tutsis. Selon le recensement de 1991, les Tutsis constituaient 8,4% de la population rwandaise qui atteignait à l’époque 7,5 millions. Les Hutus qui tentaient d’aider les Tutsis ont été tués également.
Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994
L’Assemblée générale des Nations unies a adopté en 2003 la résolution proclamant le 7 avril Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda. L’ONU a établi cette date comme la Journée internationale de réflexion sur le génocide au Rwanda le 23 décembre 2003 (résolution 58/234). Le 26 janvier 2018, la résolution A/72/L.31 de l’Assemblée générale a renommé cette célébration en Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.
Contexte
Le conflit entre les Tutsis et les Hutus au Rwanda est généralement qualifié de conflit ethnique, bien que les Tutsis et les Hutus ne forment pas des ethnies différentes. Vivant sur le même territoire, partageant la même religion, la même langue et la même culture, il n’y avait pas non plus de différenciation territoriale entre ces groupes, mais juste une certaine spécialisation économique. La minorité Tutsi, plus souvent des pasteurs, constituait l’aristocratie, mais aussi l’épine dorsale de l’armée, tandis que les Hutus (plus de 80% de la population) étaient dans leur majorité des agriculteurs.
À partir de 1959, le groupe des Tutsis faisait régulièrement face à la discrimination et aux répressions de la part des Hutus qui constituaient 84% de la population. En 1987, les Tutsis émigrés en Ouganda ont créé le Front patriotique rwandais (FPR). Cette organisation avait pour but de lutter pour le retour de tous les réfugiés au Rwanda et de démanteler le système politique du pays où le pouvoir était monopolisé par les nationalistes Hutus.
L’invasion du territoire du Rwanda par le FPR en 1990 a provoqué une guerre civile entre l’armée régulière dominée par les Hutus et les rebelles. L’apogée de la guerre était le génocide des Tutsis déclenché par les forces extrémistes hutues après la mort du président Juvénal Habyarimana, qui revenait le 6 avril 1994 de Tanzanie au Rwanda. Son avion a été abattu près de Kigali.
Les auteurs de l’assassinat n’ont pas été identifiés, mais les extrémistes Hutus en ont attribué la responsabilité au FPR et à tous les Tutsis du Rwanda et ont commercé leur extermination. Les « Hutus modérés » qui étaient en opposition étaient aussi visés. Cependant, la communauté internationale n’a pas pris les mesures nécessaires pour protéger la population civile du Rwanda. Le génocide a duré 100 jours et a pris fin le 14 juillet 1994 après la victoire des forces du FPR. Il a fait environ un million de morts dont 50.000 Hutus.
Efforts de l’ONU
En novembre 1994, le Conseil de sécurité de l’ONU a créé le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui avait le mandat de poursuivre jusqu’à fin 2015 les principaux responsables du génocide et d’autres graves violations du droit humanitaire international au Rwanda en 1994. Durant cette période, 61 individus ont été condamnés à des peines de prison de différentes durées jusqu’à la perpétuité, 14 individus ont été acquittés, les affaires de 10 autres personnes ont été transférées aux juridictions nationales. Actuellement, le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux créé par l’ONU en 2010 est chargé de mener à bien les affaires inachevées du TPIR.
La commémoration des victimes du génocide se tient chaque année aux sièges de l’ONU à New York et à Genève. Des événements à l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 sont aussi organisés par les missions diplomatiques du Rwanda et les représentants de la diaspora, notamment à Moscou depuis 2014. Au Rwanda, les cérémonies commémoratives se tiennent depuis 1995. Leur sujet principal est le renforcement de l’unité nationale et la lutte contre « l’idéologue du génocide ».
Cette notion comprend notamment les discours, le comportement, les publications et d’autres actions qui visent à exterminer ou à instiguer à l’extermination de gens en fonction de leur appartenance ethnique, religion ou visions politiques ainsi que la négation du génocide. Depuis 2008, l’adhésion à « l’idéologie du génocide » constitue une infraction pénale passible de 10 à 25 ans de prison.
Le travail est en cours dans le pays pour étudier l’histoire des événements tragiques de 1994. Les archives du Mémorial du génocide de Kigali créé en 2004 comprennent plus de 8.000 documents, dont des photos et des vidéos. En avril 2019, une conférence consacrée aux problèmes de la génération ayant survécu au génocide s’est tenue au Rwanda.
Le rôle de la France
La question du rôle de la France dans le génocide a été une source de controverses dans les relations ultérieures entre Kigali et Paris. Pendant la guerre civile de 1990-1994, la France a directement soutenu le régime du président Juvénal Habyarimana, percevant le FPR et l’Ouganda anglophone qui le soutenait comme des agents de l’influence britannique dans la région. En avril 1994, le personnel européen des agences internationales présentes à Kigali a été évacué, tandis que le personnel tutsi rwandais s’est vu refuser l’évacuation malgré ses craintes pour sa vie. L’opération militaro-humanitaire Turquoise, destinée à protéger les victimes du génocide, n’a démarré qu’en juin 1994 (deux mois et demi après le début des massacres).
Le régime de Paul Kagamé, désormais le nouvel homme fort du Rwanda, a accusé la France d’avoir « facilité » le génocide. Cette accusation a été confirmée en 2008, suite aux conclusions d’une commission ad hoc mise en place dans le pays. Selon cette commission, les Français étaient au courant de l’imminence du génocide et ont participé à la planification et à l’exécution des tueries, et le véritable objectif de l’opération Turquoise était d’éliminer les anciens dirigeants radicaux hutus alliés du Rwanda.
En France, la Commission Duclert chargée d’examiner entre 2019 et 2021 les documents relatifs au génocide rwandais a rejeté en bloc toute « complicité » de la France en tant que facilitatrice délibérée et consciente dans l’exécution du génocide. Néanmoins, les conclusions de la commission pointent la responsabilité « politique, institutionnelle, intellectuelle, morale et cognitive » de la France et principalement du président de l’époque, François Mitterrand, dans le génocide. Au Rwanda, ces évaluations ont été, dans l’ensemble, bien accueillies.
En mai 2021, Emmanuel Macron s’est rendu à Kigali et a prononcé un discours émouvant au Mémorial du Génocide. Sans présenter officiellement d’excuses, il a cependant reconnu la « responsabilité accablante » de la France dans ce massacre.