El Ibrahima Faye, géographe à l’Université de Dakar, a expliqué les trois facteurs qui concourent au rapprochement russo-malien qui alimente la toile depuis quelques semaines. A l’en croire, cela est dû à trois facteurs, dont la réorganisation du dispositif militaire de la France au Sahel qui a donné lieu à la volonté des autorités maliennes de combler le vide laissé par le départ des troupes françaises de Barkhane.
Le Mali veut diversifier son partenariat notamment au plan militaire. A l’ONU, le Premier ministre malien n’a pas caché la volonté de son pays de faire appel à d’autres partenaires pour lutter contre le terrorisme qui paralyse le pays depuis des années, en dépit de la présence des troupes françaises de l’opération Barkhane. Dans cette dynamique, un pays est couramment cité pour combler le vide qu’aurait laissé la France au Mali: il s’agit de la Russie.
Bamako est en passe de conclure un accord avec la société militaire privée russe, Wagner, pour l’intervention de ses paramilitaires au Mali. Un rapprochement qui n’a pas encore livré ses secrets mais qui se justifie par trois facteurs, selon El Ibrahima Faye, géographe à l’Université de Dakar. « D’abord, avec le redéploiement du dispositif français au Sahel, les Maliens veulent combler le vide laissé par d’autres partenaires. Ensuite, historiquement, le Mali est proche de la Russie… Moscou a été un partenaire privilégié de Bamako au lendemain des indépendances sous la houlette du président Modibo Keita. C’est un peu des retrouvailles entre anciens alliés« , a-t-il expliqué.
Enfin, poursuit-il, le Colonel Assimi Goita, comme la plupart des officiers maliens, a été de passage à Moscou durant sa formation. « Il connaît bien comment fonctionne le système russe. Il l’a voulu tirer son épingle du jeu. A l’avenir, il faudra s’attendre à une diversification plus large des partenaires du Mali. C’est le cas de la Turquie qui s’intéresse de plus en plus au continent africain ».
Menaces et pressions internationales
Une implication de la société Wagner au Mali serait «incompatible» avec le maintien d’une force française, a averti le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. «C’est absolument inconciliable avec notre présence» et «incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali», a-t-il martelé.
Au sein de la CEDEAO, le choix a été fait de s’aligner derrière la France dans cette affaire. L’organisation sous-régionale a, dans un style de suivisme occidental, dénoncé jeudi 16 septembre, la volonté des autorités de la transition politique malienne d’engager des compagnies de sécurité privées au Mali.
Le Mali a un ennemi de sang
Criblé de critiques et mis sur la table de la pression internationale, le Mali a aussi un ennemi de sang et pas des moindres, qui a clairement signifié son désaccord à un éventuel partenariat Bamako-Wagner. Très connue au Mali et fortement représentée au nord du pays, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) met Bamako en garde contre tout recours à des mercenaires.
« Ce sont les populations civiles déjà meurtries et fragilisées par une décennie de crise qui vont payer le prix de l’utilisation des mercenaires du groupe Wagner connus pour leurs graves violations de droits de l’homme dans les pays où ils sont déployés », a ainsi fustigé la CMA dans un communiqué.
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est une organisation politique et militaire majoritairement touarègue, active au nord du Mali. Son objectif est l’indépendance du territoire de l’Azawad. Créé en 2011, c’est l’un des principaux groupes armés impliqué dans la guerre au Mali.