Du jeudi 20 au vendredi 21 février 2025, alors que le monde entier célèbre la journée de la justice sociale, la ville de Cotonou a accueilli le lancement de l’initiative TRADOM, un projet phare visant à améliorer les conditions de travail dans l’économie du soin, et plus particulièrement pour les travailleurs et travailleuses domestiques. Portée par l’Organisation internationale du travail (OIT) et soutenue par les autorités béninoises, cette démarche marque un tournant dans la formalisation d’un secteur historiquement précaire.
L’initiative TRADOM dont la coordonnatrice est Dolores Amoussouga, s’inscrit dans une stratégie nationale de formalisation du travail domestique. Jean-Marie KACABO, représentant de la Directrice du bureau pays d’Abidjan de l’OIT, rappelle que « l’initiative s’appuie sur les principes de la convention 189 et sur des recommandations visant à garantir un travail décent ». Pour lui, l’objectif est clair : donner aux travailleurs domestiques les outils juridiques et sociaux nécessaires pour être protégés et reconnus dans l’économie formelle.

Les intervenants ont souligné que la formalisation du secteur permettra non seulement d’améliorer les conditions de vie et de travail, mais également de favoriser une meilleure répartition des ressources et des opportunités au sein d’un tissu économique trop longtemps négligé. Aminatou SAR, Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies au Bénin, a notamment insisté sur le rôle du dialogue social pour porter cette transformation. « C’est en unissant nos forces que nous pouvons instaurer des conditions de travail dignes et équitables. », a-t-elle déclaré. Pour elle, l’initiative incarne les valeurs fondamentales des Nations Unies – dialogue, coopération et prospérité partagée – et constitue une réponse urgente aux inégalités qui caractérisent ce secteur.
Des enjeux socio-économiques majeurs
Les discours ont mis en lumière la réalité d’un secteur essentiel mais encore trop informel : les travailleurs domestiques représentent une part importante de l’emploi, notamment féminin, au Bénin. Trop souvent sous-payés et privés de protection sociale, ces professionnels, indispensables au fonctionnement quotidien des ménages et de l’économie du soin, voient leurs conditions de travail améliorées grâce à TRADOM. Les statistiques présentées lors de l’atelier soulignent que le travail domestique demeure largement non formalisé, renforçant ainsi la nécessité d’un cadre juridique et d’un soutien institutionnel accumulé.
Moudassirou BACHABI, représentant des centrales syndicales, a rappelé que l’initiative offre aux partenaires sociaux un outil précieux pour inscrire le dialogue sur le travail domestique dans l’agenda national. Selon lui, c’est en renforçant la collaboration entre gouvernement, syndicats et organisations patronales que le secteur pourra bénéficier d’une véritable transformation, garantissant ainsi la protection et la valorisation des travailleurs domestiques.
Des acteurs mobilisés autour d’un projet ambitieux
Les prises de parole ont également reflété une mobilisation sans précédent de l’ensemble des acteurs concernés. Albin FELIHO, Président de la Confédération Nationale des Employeurs du Bénin, a exprimé l’enthousiasme de son organisation pour accompagner la mise en œuvre du projet, en soulignant l’importance d’un cadre légal facilitant l’enregistrement formel des travailleurs et l’application des règles de protection sociale.
De leur côté, la représentants du patronat du Bénin Marlyse Hounon et la ministre des affaires sociales Véronique Tognifodé ont insisté sur la nécessité de renforcer le tripartisme pour instaurer un dialogue constructif. Ils rappellent que la ratification de la convention 189 et l’élaboration d’une stratégie nationale de formalisation sont des étapes indispensables pour relever les défis socio-économiques qui attirent les travailleurs domestiques.
Un Appel Concret à l’Action du ministre du travail
Si l’ensemble des interventions a démontré une mobilisation collective sans précédent, c’est le discours d’Adidjatou Mathys, Ministre du Travail et de la Fonction publique, qui a particulièrement marqué les esprits. Dans un ton de résolution pragmatique, la ministre a affirmé dès le début : « Je salue le lancement du projet d’amélioration des conditions de travail dans l’économie du soin au Bénin. »
Soulignant l’urgence de la situation, elle a évoqué la nécessité de mettre en œuvre des mesures concrètes pour accélérer la ratification de la convention 189, indispensable pour la formalisation des travailleurs domestiques. « Je crois que l’engagement de sa ratification sera accéléré », a-t-elle affirmé, appelant ainsi à un partenariat renforcé entre l’État, les organisations syndicales et patronales.
La ministre a également rappelé que la protection des droits des travailleurs domestiques est au cœur des priorités gouvernementales. Elle a expliqué : « Le gouvernement s’engage à accompagner ce projet pour garantir des conditions de travail améliorées, en particulier dans un secteur où la majorité des travailleurs sont des femmes expose à d’importantes inégalités. » Par cette intervention, Adidjatou Mathys a proposé une vision claire : instaurer un cadre juridique robuste pour lutter contre la précarité et promouvoir un dialogue social constructif.

La mobilisation des acteurs s’est poursuivie tout au long de l’atelier, et la réaction de Pascaline Agassounon, membre de l’association de défense des droits des aides ménagères et domestiques, a apporté une dimension particulièrement émouvante à cette journée. Dans un témoignage empreint de sincérité, Pascaline a déclaré : « J’ai pris connaissance des lacunes liées à la formalisation et aux stratégies déjà adoptées ailleurs. J’ai hâte que l’initiative TRADOM soit une réussite pour que le travail domestique soit valorisé et reconnu. »
À l’issue de cet atelier de lancement et de consultation, les acteurs présents se sont engagés à poursuivre les travaux dans un esprit de dialogue et de coopération renforcé.