L’ancien Ministre des Affaires Étrangères du président Patrice Talon, Aurelien Agbenonci, s’est récemment exprimé sur l’actualité en Afrique de l’Ouest lors du Forum de Crans Montana à Bruxelles.
Contrairement à son ex patron qui a une position tranchée sur la prise du pouvoir d’Etat par les armes, l’ancien chef de la diplomatie béninoise a adopté une position assez nuancée vis-à-vis des militaires putschistes de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Dans son exposé, l’ancien chef de la diplomatie béninoise très décomplexé a salué le sérieux observé au sein de l’AES, se distinguant ainsi des critiques souvent formulées à l’encontre de cette organisation. Pour Aurélien Agbenonci, le Forum de Crans Montana a offert une opportunité de « dédiaboliser » l’AES, qu’il décrit comme une « réunion de trois États qui ont décidé de travailler ensemble et de survivre ensemble ».
Il a noté que cette alliance n’est pas encore pleinement appréciée par tous les observateurs internationaux. Il observe en quelque sorte une situation de deux poids deux mesures en ce sens que les institutions internationales sont souvent rigides quand il s’agit de coup d’Etat militaire mais souple quand il s’agit de coup d’Etat institutionnel.
Un appel à la réévaluation des perceptions…
Dans son exposé, l’ancien ministre Aurélien Agbenonci a également abordé la question des sanctions imposées par la CEDEAO contre le Niger, suite au coup d’État mené par le Général Tiani et son groupe. Il a exprimé sa préoccupation concernant la sévérité de ces sanctions, en particulier leur impact sur la dimension humanitaire.
Selon lui, ces mesures punitives ont eu des conséquences néfastes pour la population nigérienne, aggravant ainsi la situation humanitaire dans le pays. Il a appelé à une réévaluation des perceptions de l’AES et des approches adoptées par les organisations régionales telles que la CEDEAO. Il a plaidé pour des stratégies qui tiennent compte des réalités locales et qui favorisent la stabilité et la coopération régionale, tout en atténuant les impacts humanitaires négatifs des sanctions.
« Les Etats doivent respecter les règles qu’ils se donnent. Quelle que soit la situation, on ne touche pas à la dimension humanitaire. On ne peut prendre des sanctions qui pourraient conduire à la mort de bébés, de femmes ou à la destruction de populations innocentes« , a indiqué le diplomate qui a insisté sur la nécessité d’éviter des situations de deux poids deux mesures.
« Lorsque les Etats s’engagent à sanctionner les coups d’Etats militaires, ils oublient quelque chose : les coups d’état institutionnels. Au niveau de la population, les valeurs sont les mêmes« , a fait remarquer Aurélien Agbénonci.