Benoît XVI, théologien conservateur allemand décédé samedi à 95 ans, restera dans l’Histoire comme le premier pape ayant démissionné depuis le Moyen-Âge, à l’issue de huit ans d’un pontificat miné par une crise profonde.
Le 28 février 2013, à l’approche de ses 86 ans, Joseph Ratzinger, Benoît XVI selon son nom de règne, cède sa place après avoir annoncé sa renonciation en latin au détour d’un discours en invoquant l’affaiblissement de ses forces, surprenant le monde entier.
Né en Allemagne, à Marktl am Inn, le 16 avril 1927, Joseph Ratzinger est baptisé le jour même. Fils d’un gendarme, issu d’une famille d’agriculteurs, et d’une ancienne cuisinière, il passera son enfance et son adolescence dans la petite ville de Traunstein, près de la frontière autrichienne. C’est là qu’il recevra sa formation chrétienne, humaine et culturelle dans un cadre familial modeste. Alors que la Seconde Guerre mondiale bat son plein en Europe, le jeune Joseph Ratzinger, âgé de 16 ans, est mobilisé au sein d’une unité de défense antiaérienne. À la fin de la guerre, il entre au séminaire de Freising pour y étudier la théologie et la philosophie. Il poursuivra ses études à l’université de Munich et, le 29 juin 1951, sera ordonné prêtre, en la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul, avec son frère Georg. Sa devise épiscopale est : « collaborateur de la vérité »
En 1953, il obtient son doctorat en théologie avec une thèse ayant pour titre « Peuple et maison de Dieu dans la doctrine de l’Église de saint Augustin ». Il obtiendra, quatre ans plus tard, une maîtrise en enseignement en déposant une étude exhaustive de la théologie de l’histoire de saint Bonaventure. Dès lors, il entamera une brillante carrière d’enseignant.
De 1962 à 1965, il contribue au Concile Vatican II en tant qu’expert (il assiste le cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne, en tant que conseiller théologique).
En 1977, il est nommé Archevêque de Munich et Freising. Paul VI le crée cardinal le 27 juin 1977. Il est appelé à quitter sa terre natale en 1981, quand le Pape Jean-Paul II le nomme Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. En 2002, le cardinal Ratzinger est élu Doyen du collège des cardinaux.
Dans la matinée du lundi 18 avril 2005, il célèbre la Messe « pro eligendo Romano Pontifice » avec les 115 Cardinaux, à quelques heures du début du Conclave qui allait l’élire. Le 19 avril 2005, le cardinal allemand Joseph Ratzinger est élu, pour succéder à Jean-Paul II. Il prendra le nom de Benoît XVI.
Près de 8 ans plus tard, le «simple et humble serviteur dans la vigne du Seigneur», (c’est ainsi que Benoit XVI s’était présenté aux fidèles le 19 avril 2005) se retire. Le 11 février 2013, dans un geste historique, provoquant une immense émotion, Benoît XVI annonce sa renonciation, en latin à la fin d’un consistoire, estimant que son âge ne lui permet plus « d’exercer adéquatement le ministère pétrinien ».
A partir de 28 février 2013, il débute la « dernière étape de son pèlerinage sur cette terre ». Depuis le monastère Mater ecclésia, dans les jardins du Vatican, le Pape émérite continuera, en silence à travers la prière, à travailler « pour le bien commun, le bien de l’Eglise et de l’humanité ». Il apparaitra à quelques reprises aux côtés du Pape François, et notamment lors de l’ouverture du Jubilé de la miséricorde au Vatican le 8 décembre 2015, franchissant avec son successeur la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre.
A la fin de sa vie, le Pape émérite, se confiera sur sa propre mort. « Nous devons nous préparer à la mort, non pas en accomplissant certains actes, mais en vivant de manière à se préparer à passer le dernier examen devant Dieu » affirme-t-il dans le livre entretien « Dernières conversations » du journaliste allemand Peter Seewald.