Les grandes vacances sont la période de découvertes pour plusieurs apprenants qui profitent de ces moments pour séjourner dans d’autres villes auprès d’autres parents ou des proches de leurs familles. Ainsi, à l’approche des vacances, les oncles, les tantes, les tontons reçoivent des demandes de la part de vacanciers qui cherchent à voyager.
Parfois, ce sont ces oncles, ces tantes et tontons même qui promettent à leurs neveux, nièces, cousins et cousines de les garder pendant les vacances au cas où ces derniers réussissaient. Mais de plus en plus, l’arrivée des vacanciers d’un certain âge constitue une source d’inquiétude pour plusieurs femmes qui craignent l’inceste qui devient monnaie courante.
Jadis c’est avec joie que les vacanciers sont reçus dans les maisons. C’était une manière d’encourager les enfants d’un frère, d’une sÅ“ur ou même d’un ami qui ont eu à bien terminer l’année scolaire. Aujourd’hui, l’arrivée d’un vacancier dans un foyer fait beaucoup réfléchir rendant même réticents bon de nombre d’oncles, de tantes ou de tontons qui autrefois accueillaient tout le monde à bras ouverts. Cette réticence se justifie en partie par la cherté de la vie qui fait vivoter plusieurs familles.
Mais au-delà des affres de la morosité économique, la réception de vacancier devient un casse-tête chinois dans les foyers d’accueil à cause des dérives qui souvent en découlent surtout quand il s’agit des vacanciers d’un certain âge. « Plus jamais je n’accepterai un vacancier ou vacancière chez moi. Il y a quelques années, j’ai reçu une nièce qui venait d’obtenir son Bepc. Au même moment, mon fils qui faisait la deuxième année au séminaire y était aussi. Mais sans aucun soupçon, j’ai été surpris par la grossesse de ma nièce. Pire, il s’est fait que c’est mon fils aîné qui en est l’auteur », raconte Sylvia Sagbo.
Tout comme elle, Bérénice Affouda s’est interdit de recevoir de vacanciers bien que les moyens ne lui fassent pas défaut. Elle a été profondément et négativement marquée par le jour où elle a surpris à l’improviste, son mari en pleins ébats sexuels avec elle sa sÅ“ur venue en vacance chez eux.
L’ouverture du gouffre
Ainsi, dans bon nombre de cas, les vacances ouvrent les portes à des déviances sexuelles et de graves incestes. Pour le sociologue Bonaventure Tchétchao, « cette situation est la résultante d’une déchéance des valeurs de la société. Cette déchéance est due à plusieurs facteurs exogènes notamment l’influence de la télévision et des réseaux sociaux ». Il va plus loin en dénonçant les occupations des parents dans les familles d’accueil des vacanciers. « Lorsque les parents des familles d’accueil abandonnent les vacanciers seuls à la maison pendant de longues heures. Ces derniers s’adonnant à la télévision et aux réseaux sociaux, développant rapidement des vices que facilite d’ailleurs l’oisiveté ».
La psychologue Mireille Avolonto justifie, « la distance entre deux personnes qui ont une certaine considération l’une pour l’autre, crée des sentiments éphémères qui deviennent forts une fois que les deux individus se retrouvent dans le même endroit. Lorsque ces sentiments forts et éphémères ne sont pas bien canalisés par la raison, ils peuvent pousser à ces actes graves ». Le sociologue complète en soulignant que « ces déviances arrivent facilement quand l’un des parents de la famille d’accueil s’efforce à mettre le vacancier ou la vacancière à l’aise. L’attention qui est portée à ces derniers peut susciter des émotions fortes de la part d’un des membres de la familles d’accueil ». À tout cela s’ajoute l’éducation et certaines prédispositions du vacancier ou vacancière qui favorisent ces déviances sexuelles.
Les vacances chez soi, comme solution ?
Au regard de la recrudescence de ces situations dramatiques, beaucoup préfèrent garder leurs enfants chez eux pendant les vacances. « La solution est que chacun reste avec ses enfants chez lui pendant les vacances », suggère Sylvia Sagbo. Elle va plus loin en préconisant des voyages en famille pendant les vacances au lieu d’envoyer les enfants seuls chez un tonton ou une tante. Pour Bérénice Affouda, « si quelqu’un a encore un bon cÅ“ur, il peut accepter. Mais il faut que la mère du foyer d’accueil soit vigilante surtout quand il s’agit d’une vacancière qui a déjà à partir de 14 ou 15 ans comme ça. Sinon, la surprise pourra être désagréable ».
« On ne peut pas d’emblée dire qu’il ne faut pas envoyer les enfants en vacances puisque ça fait partie des moyens de socialisation et de renforcement des liens sociaux. Mais il faut tenir compte de certains facteurs tels que, l’âge des enfants et leurs caractères », indique le sociologue. Il précise qu’ « il est aussi important d’avoir une certaine maîtrise des conditions dans lesquelles vit la famille d’accueil. Si possible y passer quelques jours avant d’y laisser l’enfant avec des consignes fermes aux parents dans cette famille d’accueil».