Le chef de l’Etat, le président Patrice Talon a gracié en début du mois d’Août 2022 350 prisonniers. Dans le lot, ne figure aucun prisonnier dit politique et cela peut se comprendre. En effet, en plus de Reckya Madougou et Joël Aïvo, aucun des autres personnes arrêtées dans le cadre des violences enregistrées lors des dernières élections ne remplisse les critères pour bénéficier d’une grâce présidentielle.
La plupart des acteurs politiques conviennent que la libération des « prisonniers politiques » ne peuvent se faire que par des négociations politiques. De ce point de vue, deux voies s’offrent pour ces personnalités politiques qui ont été emprisonnées lors des dernières élections présidentielles. Il s’agit de la voie de la grâce présidentielle et de la voie de l’amnistie.
C’est dans cette perspective que le chef de l’Etat qui promet travailler pour le dégel de la crise politique a reçu en audience les anciens présidents de la République. Dans les échanges, il était question de la libération des personnalités politiques et le retour au Bénin des exilés.
C’est donc à juste titre que bon nombre de béninois espéraient la grâce présidentielle pour les prisonniers politiques notamment les plus emblématiques que sont le professeur Joël Aïvo et l’ancien ministre Reckya Madougou dans la fièvre de la fête nationale du 1er Août.
Comme l’on pouvait s’y attendre, le chef de l’Etat, le président Patrice Talon a accordé la grâce présidentielle à 350 prisonniers. Seulement, ils sont tous des prisonniers de droit commun et remplissant les critères pour bénéficier de cette grâce.
Il importe de souligner qu’en dehors du constitutionnaliste Joël Aïvo et de l’ancien ministre de la justice Reckya Madougou, la plupart des personnalités politiques arrêtées dans la période des dernières élections présidentielles ne remplissent point les critères pour bénéficier d’une grâce présidentielle car la plupart d’entre elles n’ont pas encore été jugées et condamnées contrairement à Aivo et Madougou qui n’ont pas fait appel de leur condamnation.
On pouvait donc s’attendre qu’ils bénéficient de la part du chef de l’Etat de cette grâce présidentielle. Mais selon les indiscrétions, ils ne figurent pas sur la liste des 350 personnes graciées. La raison pourrait être toute simple. Même si ces deux personnalités politiques ont été déjà condamnées et purgées une partie de leur peine, il se fait que les charges portées contre elles à savoir terrorisme et déstabilisation de l’Etat ne sont pas éligibles pour une grâce présidentielle.
Leur cas est donc ajourné certainement dans le cadre d’un projet de loi d’amnistie qui leur permettra de recouvrir leur liberté. C’est nous semble-t-il la voie la plus indiquée et cela relève une fois de plus d’une volonté politique.
Quid de la grâce présidentielle…
La grâce présidentielle permet au président de supprimer ou de réduire la peine d’une personne condamnée. Il faut donc que la condamnation d’un accusé soit définitive pour bénéficier de la grâce présidentielle.
Il faut rappeler par ailleurs que pour bénéficier de la grâce présidentielle, il faut réunir certaines conditions. Elle n’est donc pas donnée selon l’humeur du chef de l’Etat. En effet, le chef de l’Etat accorde la grâce présidentielle avec l’appui du conseil supérieur de la magistrature. Certaines infractions sont exclues de la grâce présidentielle.