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Chronique

En reddition de compte, ce qui fait courir le gouvernement Talon 

Par
Anges Banouwin
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Depuis le 25 mai dernier, le gouvernement du président Talon et ses affidés parcourent monts et vallées. À environ 19 mois des législatives et communales de 2026, 22 mois de la présidentielle de la même année, et 23 de la fin du second et dernier mandat constitutionnel, de Talon, pendant 15 jours, tout ou presque est aux arrêts et le gouvernement en tournée.

Bon nombre de Béninois se demandent qu’est-ce qui fait courir le gouvernement Talon, qui a opté pour plus d’actions que de communication dans cette aventure ? Si l’initiative n’est pas inédite, elle est peu ancrée dans les mÅ“urs du régime de Cotonou.

En juin 2017 une telle initiative, la première du genre du gouvernement à son avènement  face à la morosité économique et la cherté des produits de première nécessité a tôt fait de tourner court. En 2022, au temps fort de la crise russo-ukrainienne les récriminations contre la tournée gouvernementale organisée dans une volonté d’aller  expliquer « aux gens qui ont faim par des gens repus » les raisons de la situation fut-elle la résultante d’une crise mondiale  n’a pas eu bonne presse. On note également la tournée présidentielle d’avant l’élection de 2021 qui a abouti à la candidature de Patrice Talon pourtant élu avec la promesse de faire un quinquennat sec. Celle en cours à bien des égards a ses mobiles avoués et inavoués.

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Que cache donc l’organisation de la tournée gouvernementale en cours ?

Présentée comme une tournée de reddition de compte à mi-mandat du second et dernier quinquennat, la teneur des propos et du bilan dressé est digne d’une campagne de désagrégation de toutes les conceptions et réalisations d’avant l’avènement du régime en 2016. Une remise en cause totale de plus de 25 ans de renouveau démocratique et 55 ans d’indépendance. Si à peine il n’y a pas de mot d’ordre ouvert pour un choix comme celui d’un scrutin, les insinuations à peine voilées, les prédispositions, les comparaisons et la virulence de certaines répliques hors cadre montrent que quelque chose se joue.

Derrière les nuages de  la manÅ“uvre, il y a des signes qui ne trompent pas. L’armada déployée sur le terrain pour écumer les coins et recoins du pays relève s’il faut encore le préciser, d’une volonté du pouvoir de prendre la main là où il commençait à perdre du pied. Ce, après l’adoption d’un code électoral surréaliste et à polémique en marge des élections générales de 2026.

«Â L’oiseau qui appelle la pluie ne sera pas épargné d’être mouillé », l’illustre si bien l’adage populaire. 

Fort de cela, et des tensions que couve cette loi, dès le lendemain du rejet de la révision à polémique de la constitution dans la nuit du 1er au 2 mars dernier, suivi de l’adoption de la controversée relecture du  Code électoral le 5 mars 2024 par les députés du camp Talon, une tournée du parti de la mouvance  porteur de cette loi a été organisée dans certaines localités du pays au motif d’explication de ses dispositions.

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Les retours de cette tournée peu concluante, qui n’a pas émoussé les ardeurs d’une frange de la société civile dont l’Aumônerie nationale des cadres et personnalités politiques de l’église catholique du Bénin qui organisait le 25 avril un colloque sur le Code électoral modifié, ont suscité, le rappel des troupes des partis de la mouvance via la rencontre des 26 et 27 avril des responsables et élus des partis membres de la mouvance présidentielle, sous l’égide du président Patrice Talon. D’où l’avènement de cette tournée de la mouvance composée de membres du gouvernement et principaux partis, baptisée Tournée gouvernementale.

S’agit-il d’un signe d’effritement ou de consolidation du pouvoir ?

Les dissensions en sourdine qu’a commencée par essuyer le pouvoir  à l’approche de 2026, avec notamment des ministres et autres piliers du gouvernement démissionnaires et/ou remerciés dont certains ont commencé par donner de la voix sur certains sujets brulants sans mettre des gangs font montre d’une désintégration de l’édifice Talon présenté jusqu’ici comme une citadelle imprenable.

Le talon d’Achille est surtout lié aux dissensions issues d’intentions affichées ou pressentiments de candidature à la magistrature suprême de membres de la mouvance. Le navire commençant à prendre de l’eau, Talon comme tout chef d’Etat dans le contexte béninois devra faire face aux réalités de fin de mandat constitutionnel. Bien qu’il souhaite ne pas rester inactif comme évoqué en décembre 2023 lors d’un entretien, quant à sa succession, il devrait faire avec la ‘’solitude’’ des fins de mandat.

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La tournée gouvernementale qui a cours reste l’expression de démonstration de fidélité des derniers fidèles ; mais jusqu’à quand ?

Les prédispositions de la tour ne manquerons pas d’être éprouvées dès un remaniement avant même que les hostilités de candidature pour la présidentielle ne soient lancées pour les mettre à découvert. Et ce, avant que les positionnements des législatives et communales ne commencent avec leurs lots.

Sommes-nous face à une initiative à effet durable ou d’un écran de fumée ?

La propagande en solo qui a lieu est l’expression d’une volonté. Ce conditionnement de l’opinion, vient noyer quelques sujets brulants. Mais finira par être rattrapé par la nature de ces sujets insolubles dont le timing de l’émersion sera sans appel. D’ailleurs, dans le contexte actuel de la situation socioéconomique des populations, elles ne pourront pas bouder les kermesses qui leur sont dédiées et tout ce qui va avec. Mais l’instant d’après elles pourront faire valoir leur ressenti. Déjà, quelques subtilités ne manquent d’être servies aux délégations malgré la prédisposition au conditionnement.

Et pour cause, dans leurs Å“uvres, le gouvernement et ses affidés à travers des décisions et actions ont rendu le régime impopulaire, imbus de réalisations ‘’titanesques’’ d’infrastructures et autres. A la suite de la polémique des votes au parlement, l’opération de port de casques manu militari dans un contexte socioéconomique particulier est venue enfoncer le clou. Sans compter les marches pacifiques interdites, avant d’être autorisées. A cela s’ajoute notamment les dossiers des détenus politiques et exilés ; ainsi que ceux liés à la gestion de la commercialisation des produits agricoles et la crise entre le Bénin et le Niger, une des destinations commerciales des certains opérateurs économiques.

A bien des égards, le pouvoir et ses soutiens se trouvent en difficulté et cette tournée qui a cours n’est qu’une opération de sauvetage en haute mer. Cependant, il faudra compter avec plus que les belles prouesses et promesses à son lendemain pour espérer avoir l’assentiment des populations, désarçonnées, entre le marteau et l’enclume. A moins d’une réorientation de la gouvernance par des actions concrètes dès le retour de la tournée qui augurent de nouvelles perspectives, cette tournée aura du mal à tenir ses promesses de reconquête.  

Généralement, tel qu’on ne voit un rat géant en plein jour que si il y a urgence, les tournées gouvernementales répondent à cette logique. Entre impopularité, enlisement de la dynamique de gouvernance, et enjeux électoraux tout est mis en Å“uvre en attendant les grands actes.  Le gouvernement Talon et ses soutiens sont de plus en plus face à leur destin. Celui de fin d’un régime.

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