Ce lundi 27 février 2023, le Président français Emmanuel Macron présentera, la stratégie africaine de son pays pour les quatre années à venir. Cinq ans après le discours de Ouagadougou, dont l’objectif était de tourner la page de la politique postcoloniale fait de réseaux sulfureux et de pratiques économiques peu favorables aux anciennes colonies, les fruits n’ont pas visiblement tenu la promesse des fleurs.
Sur le continent, le sentiment anti-français gagne du terrain dans l’opinion publique francophone et surtout au sein de la jeunesse. Malgré les grands projets pertinents et vitaux de coopération, la présence française est décriée et contestée. Elle est de plus en plus perçue comme un problème et non une solution. Et donc, l’objectif principal de la nouvelle stratégie sera de contribuer à inverser cette perception. A défaut de proposer une nouvelle politique de coopération gagnant-gagnant comprise et acceptées par l’opinion publique africaine, celle des anciennes colonies en particulier.
Dans tous les cas, les sujets à l’aune desquels les propositions de la nouvelle stratégie seront analysées ne manquent pas. En tête, il y a le sujet très sensible et très délicat du sahel. Dans cette région aux enjeux géostratégiques complexes et très importants, la France a perdu la guerre de l’opinion. Même si, à tout point de vue ce sont d’abord les États du sahel qui ont perdu une partie de leur territoire, la démocratie et l’Etat de droit. Sera-elle capable de se réconcilier avec les peuples du sahel ? That is the question à laquelle la nouvelle stratégie devrait apporter une réponse.
En Afrique francophone, la France a jusque-là déployé un agenda qui semble ne pas cadrer avec les attentes et aspirations de la jeunesse. Elle n’est pas perçue comme une puissance qui contribue à l’amélioration de la gouvernance politique et au respect des principes démocratiques. Dans certains pays, elle est accusée de complicité des dérives et incapacités des gouvernants (cas de IBK au Mali avant sa chute, les manifestations des jeunes qui ont suivi l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko en mars 2021 ont visé les enseignes françaises, etc.). Or, dans le sahel, les jeunes qui souhaitent le départ de la France et brandissent les drapeaux russes ne veulent d’un président à vie ou d’un système de gouvernance qui ne protège pas les libertés individuelles et publiques. La nouvelle stratégie française doit pouvoir tenir compte des aspirations démocratiques de la jeunesse africaine.
Enfin, la nouvelle stratégie doit tenir également compte des sensibilités et des symboles. Les Africains ne détestent pas la France mais ils sont contre l’action française. Ce que la mouvance panafricaniste désigne comme le paternalisme et la condescendance. En vérité, les sommets France-Afrique que ce soit avec les Chefs d’Etat ou le nouveau format, en octobre 2021, avec la jeunesse et la société civile ressemble toujours à un vestige colonial. Ce n’est pas seulement les paradigmes qu’il faut changer, c’est capital de renouveler les approches. Certes les Etats n’ont que des intérêts, cependant il n’en demeure pas moins que la manière de défendre les intérêts peuvent conduire à leur succès ou insuccès.