Le discours prononcé par Gildas Agonkan, ambassadeur du Bénin au Niger, lors de son passage à Gaya, continue de susciter une vague d’indignation à Cotonou. Loin de faire l’unanimité, ses propos, notamment la demande de pardon adressée au peuple nigérien, ont été perçus par de nombreux Béninois comme une humiliation inutile et une faute diplomatique.
Dans son allocution, l’ambassadeur du Bénin a tenu à exprimer des regrets pour les tensions ayant opposé son pays au Niger, en demandant formellement pardon au peuple nigérien. « Nous demandons pardon parce que nous sommes des frères. Nous allons prier Dieu, nous allons prier Allah pour que plus jamais, plus jamais, plus jamais, cette chose ne puisse se passer encore », a-t-il déclaré.
Ces propos, censés rétablir un climat apaisé entre les deux nations, ont été vivement critiqués sur les réseaux sociaux par de nombreux internautes béninois. Pour eux, cette demande de pardon implique que le Bénin reconnaît une faute, alors que la fermeture des frontières nigériennes était une décision imposée par la CEDEAO et non une action unilatérale du Bénin.
« Pourquoi demander pardon ? »
Les réactions indignées se sont multiplié sur Facebook. « J’ai pas aimé le discours de l’ambassadeur. Pourquoi demander pardon ? C’est moi qui vois mal les choses ou quoi ? Le gouvernement a décidé de fermer la frontière en application des décisions issues du sommet de la CEDEAO », s’interroge Chabi Abdallah.
D’autres utilisateurs ont dénoncé une attitude d’humiliation pour le pays : « Un État ne demande pas pardon. Lui, il fait honte. Il vient de créer une incidence diplomatique. C’est quoi ça ? », s’indigne Doria Lékan Fagbohoun.
Pour certains, ce geste pourrait même compromettre l’image de fermeté que le Bénin cherche à projeter sur la scène internationale. « Nous, les Béninois, on refuse de se soumettre jusqu’à ce point. Merde », réagit Pacôme Lkn.
Un limogeage demandé
Au-delà de la simple critique, certains appellent à des sanctions contre l’ambassadeur. « Cet ambassadeur doit être rappelé. N’importe quoi ! », lance Ayite Francis. D’autres vont plus loin et demandent son remplacement immédiat : « Il doit être radié immédiatement », exige Hadjinde Thibaut.
Pour certains, l’absence de mention du président Patrice Talon dans le discours renforce l’impression que l’ambassadeur a agi de son propre chef. « Je n’ai pas entendu le nom du président Talon une seule fois. Je comprends pas, est-ce que vous êtes vraiment l’ambassadeur du Bénin ? », s’interroge Mag Tass.
Une lecture plus nuancée
Malgré le tollé général, quelques voix se sont tout de même levées pour tempérer les critiques. « Bien parlé. Un bon geste diplomatique. Le pardon n’est pas nécessaire mais il a bien assuré son discours. Que ceux qui ont des oreilles écoutent. Le Bénin est en avance », affirme Samson Godwill.
D’autres ont salué un geste d’apaisement dans un contexte tendu. « Lui, il est rassembleur. C’est un acte de repentance et de contrition louable puisqu’il reconnaît que des choses graves se sont passées », estime Ahidazan Nazaire.
Soulignons que le Bénin, en quête de normalisation avec son voisin nigérien, se trouve désormais face à un dilemme : maintenir cette ligne d’apaisement ou affirmer une posture plus ferme face à un contexte diplomatique encore fragile. Et si la volonté affichée par Gildas Agonkan était de restaurer les relations entre le Bénin et le Niger, son discours a au contraire creusé un fossé entre l’opinion publique et la représentation diplomatique du pays.
Alors que le gouvernement béninois ne s’est pas encore officiellement exprimé sur cette sortie, beaucoup de Béninois attendent des clarifications quant à la position de l’État.
Une vraie tête de mule cet Ambassadeur