Notre pays, le Bénin, a une histoire riche et complexe, jalonnée de périodes de colonisation, de décolonisation et de démocratisation. Cependant, nous devons nous interroger sur ce que nous connaissons réellement de ces événements et de leurs acteurs, et combien d’aspects de notre histoire risquent de se perdre dans l’oubli et le brouillard de l’inconnu. C’est pourquoi j’estime qu’il est essentiel que nos dirigeants politiques et les personnalités publiques prennent la plume et écrivent leurs mémoires. Non seulement cela permettra de documenter notre histoire et de la transmettre aux générations futures, mais cela contribuera également à éclairer certains aspects de notre passé qui demeurent encore flous ou controversés.
Nous avons eu des personnalités politiques de renom, telles que Hubert Maga, Emile Derlin Zinsou, Nestor Ahomadegbé, Sourou Migan Apithy, Christophe Soglo et Mathieu Kérékou, etc. Malheureusement, peu d’entre eux ont laissé des témoignages écrits sur leurs expériences du pouvoir. Ce manque de témoignages autobiographiques et de points de vue personnels laissera à jamais des lacunes dans notre répertoire national.
Cependant, les personnalités politiques qui ont dirigé notre pays pendant la période révolutionnaire et depuis l’avènement de la démocratie sont encore là et représentent des sources intarissables d’informations et de références historiques communes. Parmi ces témoins vivants de l’histoire, je pense notamment à Nicéphore Dieudonné Soglo, Thomas Boni Yayi, Adrien Ahoungbédji, Bruno Amoussou, Robert Dossou, Théodore Holo, Sévérin Adjovi, Maurice Ahanhanzo-Glélé, Hélène Aholou-Kèkè, Ousmane Batoko, Martin Dohou Azonhiho, Pierre Osho, Antoine Idji Kolawolé et Mathurin Koffi Nago. Il est important de noter que les mémoires du Président Nicéphore SOGLO sont en cours d’édition, et de nombreux Béninois attendent leur sortie avec impatience.
Je suis convaincu que leur contribution à l’écriture de nos mémoires collectives permettra d’enrichir considérablement notre compréhension de notre histoire commune. En racontant leur parcours et leur expérience du pouvoir, ces personnalités politiques pourront donner un éclairage nouveau sur les événements et les décisions qui ont façonné notre pays. De plus, leurs témoignages pourront aider à clarifier certains points de notre histoire qui demeurent flous ou controversés, la paternité du coup d’Etat du 26 octobre 1972, l’attaque des mercenaires du 16 Janvier 1977, les couloirs de l’unique mandat présidentiel du Président SOGLO, les nombreuses polémiques sous le régime du Président Boni YAYI, et bien d’autres faits marquants.
De nombreux dirigeants mondiaux ont écrit leur propre témoignage sur leur expérience au pouvoir, contribuant ainsi à l’enrichissement de notre compréhension de leur époque. Parmi les exemples, on peut citer Nelson Mandela avec « Un long chemin vers la liberté », Barack Obama avec « Les rêves de mon père » et « Une terre promise », Angela Merkel avec « Mon histoire », ou encore Winston Churchill avec « Mémoires de guerre ».
Au Bénin, l’engouement autour de la publication de » Mémoire du chaudron: conquérir le pouvoir d’État, essai politique » de Tiburce ADAGBE (homme des médias et ancien conseiller du Président Boni YAYI) témoigne de l’intérêt qui peut être le nôtre pour la découverte des couloirs de la gestion de notre pays. Il paraît légitime donc d’encourager nos dirigeants politiques et les personnalités publiques à écrire leurs mémoires. Ils contribueront ainsi à l’enrichissement de notre patrimoine historique et culturel, à la promotion de la vérité et à la consolidation de notre unité nationale.
Je reste persuadé que nous devons répondre à l’appel d’E.H. Carr, selon lequel « l’histoire est un dialogue entre le passé et le présent ». En écrivant nos mémoires, nous établissons ce dialogue, nous préservons notre passé pour mieux comprendre notre présent et pour construire notre avenir. C’est une tâche essentielle pour tous les citoyens, et en particulier pour nos dirigeants politiques et les personnalités publiques. Nous ne pouvons pas laisser notre histoire se perdre dans l’oubli, ni la laisser être réécrite ou manipulée. Écrire des mémoires, c’est donner une voix à notre passé et permettre à notre pays de se comprendre lui-même.
Pour la postérité.
Pour la vérité.
Vous avez fait l’histoire, il est temps maintenant de l’écrire