Pendant l’examen du « Suneung », l’épreuve du bac, décisive pour l’entrée en université, mêmes les avions s’arrêtent de voler. Les autorités ont pris des mesures drastiques pour en assurer le bon déroulement.
Aujourd’hui jeudi 18 nivembre, c’est le jour du « suneung », ce qu’on appelle l’examen d’aptitudes pour les études universitaires et qui permet donc d’entrer à l’université. Il est organisé dans quelque 1 300 établissements scolaires à travers le pays. L’accès à la salle d’examen a été possible à partir de 6h30 et tous les candidats ont dû y arriver à 8h10 au plus tard. Cette année, ils sont à peu près 509 000 à s’y présenter, soit 16 000 élèves de plus que l’an dernier.
Un long silence s’est abattu sur le pays pendant cet examen, les autorités ayant pris des mesures drastiques pour en assurer le bon déroulement. Cet examen marathon de neuf heures est crucial pour qui veut s’assurer une place dans l’une des universités de renom du pays, mais est également synonyme de statut social élevé, de carrières rémunératrices et augmente même les perspectives de mariage.
Afin de limiter toute perturbation, les autorités ont pris des mesures drastiques: les administrations, les banques et la bourse ont ouvert une heure plus tard que d’habitude pour faciliter la circulation et permettre aux étudiants d’arriver à l’heure pour l’examen. Tous les décollages et atterrissages dans les aéroports du pays ont été suspendus 35 minutes pendant un test d’écoute d’anglais. Et tous les avions en vol ont dû maintenir une altitude supérieure à 3 000 mètres.
Selon le ministère des Transports, 79 vols ont été reprogrammés en raison de l’examen. Des voitures et motos de police étaient disponibles dans les zones scolaires pour les élèves coincés dans le trafic ou en retard.
Un impitoyable système éducatif, des journées de 16 heures de cours
Si le suneung soulève autant de passions, c’est que, à la différence du Bac, il s’apparente plus à un concours qu’à un simple examen. Le système de notation met les élèves en concurrence, et un classement détermine leurs chances d’intégrer l’université de leur choix. Dans un pays où la tradition confucéenne érige l’éducation en valeur absolue, le suneung est le couronnement de douze ans de scolarité, l’examen d’une vie.
Il est aussi possible d’intégrer les grandes universités avec un excellent dossier : une lettre de motivation de dix à vingt pages, accompagnée de notes parfaites pour tout le cursus au lycée, de recommandations et de gages d’activités extrascolaires. Mais, pour les meilleures facs, avec ce système très exigeant, une note minimum au suneung est néanmoins requise. Un acronyme cristallise les rêves des jeunes Coréens : SKY (« ciel » en anglais), représentant les trois meilleures universités du pays, Séoul, Korea et Yonsei. Ce sont celles d’où sort la majorité des élites du pays et où tous rêvent d’entrer. Mais les places au ciel sont chères : entre 1 et 5 % des étudiants qui se présentent au suneung les intègrent.
Une enfance et une adolescence passées à étudier avec des journées de seize heures de cours, c’est ce que vit une majorité de jeunes Coréens. Les hagwons, ces instituts d’enseignement privés, sont une étape quasi obligée de leur scolarité. Dans le quartier du parc olympique, le hagwon The Mathematics occupe les derniers étages d’un immeuble moderne. A 22 heures, une cinquantaine d’élèves y étudient encore. Su-mi Kim, professeure et directrice du département de mathématiques, le présente : « Ici, à partir du collège, vers 11 ans, on commence à se préparer pour les études futures. C’est normal, car l’enseignement public ne suffit pas. On peut prendre une ou deux années d’avance par rapport au programme scolaire, car on a de plus petites classes et plus de temps à consacrer à chaque élève. »
L’importance accordée à cet examen est immense
La Corée du Sud, un pays d’Asie orientale, a été fondée en 1948. Dès lors, un nouveau système scolaire fut mis en place. Celui-ci est composé de six années d’enseignement primaire, de trois années de secondaire inférieur, de trois années de secondaire supérieur, puis de quatre années d’enseignement à l’université. Bien que cette structure semble banale, il en est tout autrement. À vrai dire, en raison de son haut degré de difficulté, le système d’éducation sud-coréen suscite de nombreuses réactions à l’international.
En moyenne, le coût de cette éducation se chiffre à 800 $ ( près de 500.000f CFA) par mois par enfant, ce qui représente près de 20 % du budget familial. En Corée du Sud, l’éducation publique est gratuite jusqu’au milieu du secondaire, à la suite de quoi de modestes frais scolaires sont imposés. Toutefois, les parents de jeunes Sud-Coréens détiennent des records mondiaux pour les frais déboursés pour l’éducation de leurs enfants.