La population de Benin City, au Nigéria, est dans l’attente de l’entrée en possession des sculptures de ses ancêtres. Pour ces habitants, le retour au bercail de ces trésors s’apparente à une réparation des douleurs causées par les colons britanniques.
Ce sera au musée d’art ouest-africain d’Edo, une grande initiative du gouverneur de l’État d’Edo, d’accueillir tous les bronzes du Bénin restitués.
Les autorités affirment, selon les sources officielles, qu’il ne sera pas achevé avant au moins cinq ans – la construction du bâtiment, qui devrait être conçu par le célèbre architecte britannico-ghanéen, David Adjaye, n’a pas encore commencé.
Les artefacts sont comparables à une bibliothèque
Mais pour Theophilus Umogbai, directeur adjoint et conservateur du Musée national du Bénin, cité par les mêmes sources, ce n’est pas une excuse pour retarder le retour des bronzes. Les artefacts sont comparables à une bibliothèque, car ils racontent l’histoire du royaume du Bénin, dit-il.
« Vous avez maintenant des étagères vides. Le retour de ces objets reviendra à remplir ces étagères. Il y a une lacune dans notre histoire parce que ces objets ont été emportés. », a-t-il ajouté.
![Carte montrant l'ancien royaume du Bénin](https://ichef.bbci.co.uk/news/640/cpsprodpb/116A7/production/_117553317_benin_ancient_kingdom_3x-nc-002.png)
Le gouvernement britannique a fait valoir que les bronzes du Bénin « résident à juste titre » au British Museum, qui en possède la plus grande collection au monde – avec plus de 900 pièces. Selon les autorités britanniques, le fait d’héberger les objets anciens, à Londres, garantit également leur accessibilité au monde entier.
Mais c’est un argument que M. Umogbai conteste, affirmant que la plupart des Nigérians n’auront jamais l’occasion de les voir là-bas, compte tenu des frais de visa et de voyage. « Je suis allé au British Museum parce que mon voyage était sponsorisé. Je n’aurais pas pu y aller autrement, même en tant que fonctionnaire. Il est plus facile pour les étrangers de nous rendre visite, en raison du dynamisme économique de l’Europe, par rapport à l’Afrique. », a-t-il expliqué.
Pour lui, les Bronzes n’ont tout simplement pas leur place dans les musées occidentaux. « Lorsque j’ai vu les Bronzes au British Museum, j’ai d’abord été heureux. Puis cette pensée a été remplacée par le sentiment que ces objets étaient assis de manière incongrue là où ils ne devraient pas être. Ils devraient être chez eux. », a-t-il ajouté.