« Si les jeunes savent courir, encore faudrait-il qu’ils sachent se mettre derrière le buisson », recommande la sagesse africaine.
On peine à comprendre qu’hormis le bras de fer Niamey-Cotonou autour de la fermeture de la frontière du côté du Niger, les nouvelles autorités du pays n’aient pas pris des mesures idoines pour le transit du brut par le territoire béninois.
Cotonou n’aurait pas de raisons valables à donner de la voix sur ce dossier déjà à deux reprises en l’intervalle de deux semaines. Ce, malgré la fermeture de la frontière du côté du Niger. A moins qu’il s’agisse pour Niamey d’un choix manifeste pour tendre les nerfs ou trouver des alibis sur ce projet contre Cotonou dont-on connait déjà les griefs à son encontre.
Les arguments avancés du côté de Cotonou dénotent d’une vacuité des dispositions juridiques dans la gestion d’un tel dossier inter-Etats. Car derrière toutes prédispositions, la meilleure des démarches est celle des précautions légales. En témoigne le fait que ce soit dans le secteur des affaires et du commerce international, que sont agités de gros dossiers judiciaires que des parties remportent rien qu’au regard d’une simple procédure.
S’agit-il plutôt d’une question d’humeur au lendemain d’un putsch ?
En businessman averti ayant le sens des affaires Patrice Talon pousse ses pions dans ce qu’il convient désormais d’appeler le bras de fer Tchiani-Talon. Il n’est pas demandeur à la réalité de l’amitié du général président encore moins ce dernier. Cependant, il joue ses atouts. Bien malin qui peut lire le rôle du premier des Béninois dans ce dossier d’humeur au lendemain d’un putsch à Niamey.
Les éléments de langage du président Béninois depuis qu’il s’est prononcé au micro de RFI et à sa dernière sortie jeudi 30 mai dernier suite au retour du ministre Béninois des mines d’une réunion tripartite entre le Niger, le Benin et la société chinoise WAPCO, montrent à suffisance au-delà des propos enjoués de fraternité entre les deux peuples qu’il n’en est pas embarrassé, mais plutôt trouve des voies et moyens pour vider le volet juridique du dossier pipeline.
Talon en est convaincu malgré qu’il affiche un air subtil d’agacement, que la fin justifie les moyens. Convaincu que si l’acheminement du pétrole vers la côte ne dépend que du Bénin et de la Chine, la fermeture de la frontière du côté du Niger ne serait qu’un épi phénomène.
Et si Tchiani descendait de ses grands chevaux ?
Conformément aux attentes de Cotonou, dans le bras de fer Niger-Bénin, Cotonou semble loin d’être embarrassé par la position de Niamey de fermer sa frontière terrestre. Le pays a d’ailleurs renforcé sa sécurité sur le fleuve Niger pour empêcher tout trafic. Chose qui avait cours jusqu’à la prise de cette mesure, malgré la fermeture de la frontière à la hauteur du pont qui relie Malanville à Gaya. Et c’est à juste titre qu’un contournement est trouvé pour garantir le contrôle douanier de tout ce qui commençait à être un manque à gagner via l’acheminement fluvial.
Seul le dossier du brut nigérien semble préoccuper les autorités béninoises qui ne manquent de relever leurs attentes afin d’y jouer leurs partitions avec le partenaire Chinois WAPCO. Au nombre de ceux-ci les formalités douanières de transit qui ne seraient possibles que si le passage des biens par les frontières est permis. A défaut, les frontières devant être ouvertes pour le passage formel du pétrole afin que les formalités douanières permettant son transit par le territoire du Bénin le soient techniquement.
Dans la situation actuelle de maintien de fermeture de sa frontière par le Niger, en vue du transit de son brut, Cotonou demande d’être officiellement saisi par les autorités nigériennes que la fermeture de leur frontière terrestre fait exception au pétrole. Une qualification qui serait susceptible de permettre un traitement juridique différencié du brut venant du Niger.
Préalable en dépit duquel, toute formalité douanière de transit du pétrole serait légalement impossible entre le Benin et le Niger, relève Patrice Talon. Mis à part ce volet, le président Béninois affirme sa prédisposition pour les facilités nécessaires sur le matériel devant servir au renforcement du pipeline du côté du Niger, actuellement au port de Cotonou.
Bien que devant subir la lourdeur opérationnelle du dossier, Talon se profile en maitre à jouer. Et pour cause, il y a des signes qui ne trompent pas.
« Vieux routier » de la fermeture des frontières inter-Etats ou « fin joueur » ?
Alors que du bruit se fait suite à la fermeture de la frontière Niger-Bénin, les nouvelles autorités nigériennes devront se raviser. Jusqu’ici, les notes administratives demandées par les autorités Béninoises ne sont que des pièces pour besoin en cas de conflit commercial dans ce dossier pipeline, en dehors de sa nécessité pour les transactions douanières. Elles semblent tout aussi utiles pour le Bénin et le Niger que cela ne parait.
La crise Bénin-Niger aura montré à la face du monde, les précautions que prend le Bénin pour anticiper toute éventualité. Les fermetures des frontières auront été le nÅ“ud gordien du mandat du président Béninois Patrice Talon. Déjà, entre le Bénin et le Nigeria d’aout 2019 à décembre 2020 tel était le cas de Sèmè-Kraké, principale porte d’entrée terrestre au Nigeria depuis le Benin et la sous-région, avant une réouverture partielle avec restrictions sur l’importation de véhicules et autres types de marchandises en provenance du Bénin ou d’autres Etats d’Afrique de l’Ouest jusqu’à juin 2023.
Eu égard à ces expériences, les autorités béninoises doivent se sentir les mieux aptes à la résilience que pourrait imposer le maintien de la fermeture de la frontière du Niger, par les nouvelles autorités nigériennes. Même si en termes d’impact économique, les effets ne semblent pas identiques sur le port.
La balance du gain du transit du pétrole nigérien le cas échéant devrait pouvoir contenter le Bénin, bien que comparé aux activités du Port de Cotonou pour lesquels des initiatives sont prises pour desservir le Nord-Nigéria, il peut avoir de manque à gagner. Puisque devront rester en rade des opérateurs économiques, notamment des transporteurs, transitaires et autres acteurs de la chaîne de l’import-export de Cotonou à Niamey.
Dans le même temps, la subvention même à 99 % des produits de première nécessité transitant par autre chemin que par le Bénin ne devrait pouvoir soulager le Niger, bien que désormais producteur de brut.
Et ce gain qui devrait permettre de s’orienter vers de nouvelles réalisations et actions de développement devra être orienté vers les mesures de subsistance. Ce, pour quel résultat, et pendant combien de temps alors qu’au Niger, tout ou presque est de l’ordre de l’urgence ?
Les autorités de Niamey devront-elle faire bon cÅ“ur, contre mauvaise fortune ?
Toute analyse conséquente augure de ce qu’en dépit de tous différents, le port de Cotonou et le trajet Cotonou-Niamey offrent le plus de sécurité et le moindre coût de revient aux produits nigériens que tout autre trafic.
Les Etats n’ont pas d’amis mais des intérêts. Le général Tchiani a beau vouloir refuser l’amitié de Talon, pour les intérêts du Niger, il devra composer avec le Bénin. Foncer tête dans le guidon ne serait qu’une option ruineuse et même impopulaire. Et pour cause, le temps de légitimer le coup de force est passé et les populations veulent tourner la page, pour espérer en la « solution Tchiani ». Elles n’accepteront donc pas longtemps de subir et de payer le lourd tribut d’un putsch à durée indéterminée. Personne ne cautionne à la longue de nouvelles autorités qui apportent plus de problèmes que de solutions, Tchiani et cie devront s’en convaincre. L’un des signes avant-coureur est l’attitude des populations face au meeting de la horde d’activistes ajourné il y a peu. Et toute propagande fut-elle à tout rompre finit par perdre sa teneur.
Passé le discours anti-impérialiste et autres allégations portées à l’encontre du Bénin voisin, il est urgent de passer à autre chose. A moins que cela relève d’une stratégie de Niamey pour avoir le contrôle de l’appareil d’Etat. Simplement que près d’un an après cela pourrait laisser à désirer pour les populations. Ce disque, s’il n’est pas encore rayé, il n’en est pas loin.
S’il y a de quoi reprocher aux autorités béninoises, sur leur position au lendemain du push du 26 juillet 2023, on peut leur trouver des raisons de s’être rendu à l’évidence que ce sont aux Nigériens de décider de leur destinée. Bien qu’étant dans un même espace communautaire.
L’évolution à tâtons du volet administratif du dossier pipeline Niger-Bénin est-il dû au changement de main dans la gouvernance du pétrole nigérien, ou un signe manifeste d’une volonté des nouvelles autorités de Niamey ? Dans l’un comme dans l’autre, on a beau reprocher au lièvre d’avoir de longues oreilles, on concorde à reconnaitre qu’il sait courir.
A travers ses actes, Cotonou se dédouane de tout quiproquo lié au brut nigérien, qui bien que devant lui profiter en second ressort semble aujourd’hui dans le contexte actuel indispensable à Niamey. Face aux difficultés de la partie chinoise, et d’éventuelles accusations de main basse contre les intérêts des nouvelles autorités du Niger, Cotonou met en Å“uvre indubitablement sa défense.
« Une fleur tombe même si nous l’aimons ; une mauvaise herbe pousse même si nous ne l’aimons pas » ; enseigne Eihei Dogen, philosophe, poète et maitre zen japonais fondateur de l’école Soto.
En toute honnêteté est ce que le P.Talon veut que les frontières soient ouvertes question ??? C’est cette posture, celle là que vous avez aussi développé qui vous empêche de voir clair. Le port du Bénin n’est pas aussi indispensable que vous le pensez pour notre vie. S’il l’était, Ilya maintenant quelques mois qu’on ne parlera plus du peuple nigériens parce qu’il avait péri grâce aux blocages que vous lui aviez imposé.
SI TALON VEUT VRAIMENT NÉGOCIER IL N’A QU’À SE RENDRE À NIAMEY POUR RENCONTRER TIANI ET PROFITER POUR DEMANDER PARDON NIGÉRIENS.