La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a abordé le 28 octobre 2024 le cas d’un imam mauritanien arrêté au Bénin et soupçonné d’appartenir à une organisation terroriste.
Un imam mauritanien a comparu le 28 octobre 2024 devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Terroristes (CRIET). Il est soupçonné d’appartenance à une organisation terroriste et fait également l’objet de poursuites pour « corruption d’agent public ».
Selon l’exposé des faits présenté par la Cour, le prévenu aurait tenté de résoudre la situation à l’amiable lors de son interpellation en offrant un billet de 10 000 FCFA aux agents de police. Il a été arrêté à la suite d’un rassemblement avec un groupe de personnes.
Convoqué à la barre, le prévenu est présenté comme un leader de la confrérie des « Tidjania ». Selon sa déposition, il était en tournée dans la sous-région ouest-africaine. « Je suis venu au Bénin après mon passage au Niger. J’étais également au Togo, au Burkina Faso et au Ghana », a-t-il déclaré devant les juges selon des propos rapportés par Banouto.
L’imam déclare ne pas se reconnaître dans les allégations de rapprochement avec des terroristes dont il fait l’objet. Il précise qu’il n’appartient à aucune organisation. Sa visite au Bénin, a-t-il souligné, s’inscrit dans le cadre de sa vocation d’enseigner le Coran à sa communauté. En ce qui concerne la somme de 10 000 FCFA remise au policier lors de son interpellation, il a expliqué qu’il ne s’agissait pas de corruption. Selon lui, cela constitue un geste de bienveillance.
Le leader religieux a indiqué qu’il ne s’agit pas de sa première visite sur le sol béninois. Selon l’imam, cette visite représente la troisième ou la quatrième fois qu’il se rend en terre béninoise.
Le ministère public a soumis ses réquisitions dans le cadre de cette procédure. Le substitut du procureur spécial a requis la déclaraion d’incompétence de la chambre de jugement de la CRIET. Le magistrat a précisé que les faits imputés au prévenu, relatives à son appartenance à une organisation terroriste, revêtent un caractère « criminel ». Il a sollicité du juge qu’il se déclare incompétent et qu’il renvoie le dossier à l’instruction.
La défense de l’imam est exercée par les avocats Maître Samari Moussa Mamadou et Maître Affani Abdoulaye. Les conseils ont soulevé une incompréhension quant à la procédure en cours. Selon leurs plaidoiries, le leader religieux n’entretient aucun lien avec des groupes terroristes. Comme le soulève Me Samari Mamadou, l’imam se consacre à une mission d’enseignement du livre saint, à l’instar des leaders d’autres communautés religieuses.
Il a affirmé que le montant de 600 000 FCFA découvert sur son compte ne saurait être interprété comme une preuve tangente d’une collusion avec une organisation terroriste dont son client fait l’objet d’accusations. L’avocat souligne que le financement du terrorisme requiert un budget largement supérieur à la somme décelée sur le compte de l’imam.
Il a informé que son client a été accueilli chez un imam béninois en raison de ses ressources financières limitées. Les deux avocats ont sollicité la Cour afin qu’elle se déclare compétente pour examiner le dossier et qu’elle relaxe purement et simplement leur client.
Après les plaidoiries, la Cour a renvoyé le délibéré de la procédure au 11 novembre 2024.