A travers l’inauguration récemment de trois monuments à Cotonou, le président Patrice Talon qui fait de la culture l’un des leviers essentiels du développement du pays se positionne comme l’un des promoteurs de la culture béninoise. Mais pour Philippe Noudjènoumè, le SG du parti PCB, le chef de l’Etat ne s’intéresse à la culture du pays que pour son côté business.
Dans une lettre ouverte en date du mardi 16 Août à l’attention du président de la République, le communiste Philippe Noudjènoumè rappelle au chef de l’Etat qu’il a promis dans son PAG que la chose culturelle sera promue au rang de ses priorités.
Deux choses peuvent attester apparemment selon Philippe Noudjènoumè que le président Patrice Talon est attachée à la culture et à l’histoire de son pays. « Il y a d’une part, votre engagement pour la restitution de quelques-uns des plus de 4000 « Trésors Royaux » pillés par le Colon français et entassés dans ses divers musées d’une part ; il y a ensuite le faste déployé à l’occasion des dernières festivités de notre Indépendance en date du 1er Août avec inauguration des Monuments en mémoire de nos Héros sous le signe de références historiques« , lit-on dans la lettre ouverte.
Mais au delà de cette apparence, le premier responsable du parti communiste du Bénin nourrit encore des questionnements qu’il souhaite partager avec le président de la République. Pour Philippe Noudjènoumè, tout ce que dégage le président Patrice Talon ou tout ce qu’il initie comme projet culturel porte sur les formes d’expression de la Culture et non la Culture elle-même.
« Ainsi, justifie-t-il, les Monuments ou Représentations sculpturales des Héros, les « Å’uvres et Trésors Royaux » pillés par le Colonisateur félon ne sont que des formes d’expression de Cultures daho-béninoises attaquées et menacées de disparition aujourd’hui et tous les jours de toutes parts par des cultures exogènes dévastatrices ».
En effet selon Philippe Noudjènoumè, la défense de la Culture commence d’abord et avant tout par la défense des fondamentaux de cette culture que sont la langue, les croyances religieuses, les coutumes positives de nos peuples.
Sur ce plan, il trouve qu’il est manifeste que le comportement et l’approche du président Patrice Talon porte la Chose culturelle en tant que « Bien commercial », un Objet de marketing à vendre à l’étranger, aux Touristes.
C’est cette perception marchande de la culture, indique le communiste qui a poussé le gouvernement à rattacher ce secteur stratégique au Ministère du Tourisme.
« D’ailleurs votre Ministre en charge de la Culture, n’a pas hésité à déclarer sur une chaine de télévision que le nom « Amazone » est préféré à l’appellation authentique de « Agoojie », car, quel « Allemand comprendrait cette dénomination d’ Agoojie »?. C’est la même logique qui vous a certainement conduit à reproduire, non une image de « Agoojie » avec tunique, telle reproduite dans nos musées, mais plutôt une « Amazone », fille à beauté grecque, peinte en couleur noire, en fait une « sorte de « Jeanne d’Arc » à la française« , fait remarquer Philippe Noudjènoumè.
Mieux, il trouve que la statue de Bio Guera érigée à l’entrée aérienne du pays, un « Bio Guerra » en bottes américaines n’a rien à voir avec le « Bio Guerra » dévoilé à Parakou.
« Ce faisant de façon consciente ou inconsciente, vous réduisez nos cultures en « Réserve culturelle » pour safari, en Objets de musée du Passé pour amuser la curiosité vacancière des Richards dominateurs du monde« ., indique l’universitaire.
Après avoir fait remarquer au chef de l’Etat la lecture que l’on se fait de sa vision de la culture de son pays, le professeur Philippe Noudjènoumè fait une série d’exigences dont la prise en compte donnera la preuve de l’attachement qu’il a de la culture de son pays.
Les 5 Exigences de Philippe Noudjènoumè
C’est de notoriété scientifique consacrée par les Institutions internationales telles l’ONU et l’UNESCO que l’on ne saurait restaurer la culture sans la restauration des langues, supports premiers de la culture dans nos écoles, juridictions et administrations diverses, a rappelé Philippe Noudjènoumè.
Sur la base de cette notoriété scientifique, il fait 5 demandes, si tant est que le patriotisme affiché par le président de la République est sincère Il demande donc de prendre les mesures patriotiques ci-après:
- L’institution de toutes les langues nationales comme langues officielles avec pour conséquences : leur usage obligatoire à tous les niveaux de l’Administration et de la justice de notre pays dans les terroirs respectifs ; car le premier droit de l’homme est d’être jugé et condamné dans la langue qu’il maîtrise le mieux et généralement c’est la langue maternelle (et non par interprétation) ;
- Le déroulement de l’école à tous les niveaux, à commencer par l’instruction des enfants, dans les langues nationales- l’alphabétisation des adultes sur leurs territoires respectifs dans leurs langues respectives ;
- Le déploiement immédiat de précepteurs pour alphabétiser les Rois, Reines, Dignitaires, Intellectuels traditionnels dans leurs langues maternelles sur leurs territoires respectifs, afin qu’ils puissent transcrire pour la postérité l’histoire de leurs royaumes et territoires;
- Le Rétablissement des institutions traditionnelles fondamentales du pays (Rois et autres Dignitaires traditionnels), dans leurs prérogatives de législateurs et de juges ( pouvoir parlementaire, juridictionnel) matérialisé par la création au Parlement d’une Chambre des Autorités Traditionnelles (chargée d’étudier la conformité des lois votées avec nos traditions positives) ainsi que d’une Chambre de droit traditionnel de la base jusqu’à la Cour suprême;
- La création d’un Théâtre national,
- La Récupération de tous nos Trésors culturels.
Il reste à définir ce que sont nos traditions positives et ensuite le chronogramme de l’introduction de nos langues dans l’école et les administrations tant publics que privées.