Ce vendredi 1er avril, l’activiste panafricaniste Kmal Radji a appelé à la mobilisation pour « éduquer, par quelques façons, en expliquant l’origine et l’histoire des dreadlocks ».
La polémique suscitée par le renvoi de la cathédrale Notre-Dame de miséricorde de Cotonou, d’un photographe, à cause sa coiffure à l’allure de dreadlocks, est loin de se terminer. Toujours resté attacher à ses convictions, Kmal Radji n’a pas caché sa colère face à ce qu’il appelle une « discrimination », en invitant les béninois, ce dimanche, pour un rendez-vous à l’église catholique. Mais, pourquoi faire ?
« Eduquer … les nouveaux africains devenus si catholiques »
« Ce dimanche, je souhaiterais me rendre à l’église NOTRE DAME, pour le culte du matin. J’invite tous les frères béninois ou non ayant des dreadlocks ou des cheveux exprimant leurs identités africaines à venir massivement dans l’église. » a écrit l’artiste béninois sur sa page Facebook. « Nous pourrions éduquer, par quelques façons, en expliquant l’origine et l’histoire des dreadlocks, de la chevelure portée par des africains, bien avant les nouveaux africains devenus si catholiques. »
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Pour le panafricaniste, seule une forte mobilisation permettra d’éclairer les uns et les autres sur cette coiffure à la grande signification culturelle, mais qui malheureusement est diabolisée. « Nous n’accepterons plus jamais aucune discrimination, d’aucune institution qui refuse l’ouverture d’esprit sociale, culturelle, économique et politique. », a écrit Kmal Radji. Et d’aller encore plus loin, « si tu n’as pas de cheveux, achète des perruques. C’est autorisé. Pas de raison pour s’absenter. »
Les Dreadlocks, un enchevêtrement naturel des cheveux
Une dreadlock est une forme de tresse de cheveux, faisant partie d’un style connu sous le nom de dreadlocks. Egalement appelé « locks », « dreads », ou Jata, les dreadlocks sont plus étroitement associées au mouvement rastafari. Mais, des personnes appartenant à de nombreux groupes ethniques ont porté des dreadlocks, notamment les anciens peuples hamitiques d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Est, les peuples sémitiques d’Asie occidentale, les peuples indo-européens d’Europe et d’Asie du Sud, les peuples turcs d’Anatolie et d’Asie centrale, les Rafaees soufis et les malangs et fakirs soufis du Pakistan.
A l’origine, pour plusieurs de ces peuples, l’adoption de cette coiffure est une pratique purement religieuse. Ces peuples s’appuient sur le récit de Samson dans la Bible. Selon le récit, Samson avait été consacré à Dieu, « dès le sein de sa mère » par un vÅ“u appelé naziréat. Naziréat, qui vient du mot hébreu « Nazir » qui signifie « consacré », « séparé », ou « mis à part ». Les personnes ayant ainsi fait ce vÅ“u devront, entre autres, s’abstenir des boissons enivrantes et ont l’obligation de laisser croître les cheveux.
Les Dreadlocks, du cultuel au style identitaire « modernisé »
Si pendant longtemps, les adeptes du mouvement rastafari ont été confondus aux personnes ayant opter pour les Dreads, il n’en demeure pas moins que ce style de coiffure soit bien répandu, surtout en Afrique. En effet, depuis l’avènement de la musique reggae en Jamaïque et de son expansion en Afrique, plusieurs stars ont fait des dreadlocks une tendance populaire. Ainsi, au delà de sa forme originelle cultuelle, les Dreads sont devenus un style identitaire. Et avec une nouvelle génération toujours inspirée, ces dreads prennent plusieurs formes.
La coiffure communément appelée « nappy » est un dérivé des dreadlocks. Elle provient d’un mouvement né aux États-Unis dans les années 2000, connu sous le nom anglophone de « natural hair ». Le terme « Nappy«  vient de la contraction de deux mots anglais, « natural » et « happy ». Cette tendance permettait aux femmes noires d’afficher leurs origines africaines et prônaient le respect des droits des populations noires américaines.
Aujourd’hui, plusieurs africains, dans l’optique d’afficher la chevelure naturelle, optent pour les dreadlocks. Plusieurs femmes africaines, fatiguées d’être l’objet commerciale des firmes occidentales de produits cosmétiques, optent de plus en plus pour ce style de coiffure. Ceci, malgré la pression commerciales de ces firmes capitalistes occidentales qui valorisent une « peau blanche » sur un continent dont les peuples ont, en majorité, une peau naturelle ébène. D’où l’utilisation des crèmes décapantes par des femmes africaines en perte d’identité, comme l’utilisation des cheveux artérielles communément appelés « mèches ».
Va dans tes mosquées avec es restas et laisse les catholiques tranquilles. Chacun a le droit de définir ses normes, en particulier dans un lieu de culte.