Dans l’après midi du dimanche 18 juillet 2021, l’empereur mondial de la fraternité Ogboni, Abibou Adéola Adam alias Owo-Lobè a été interpellé dans une affaire de bastonnade qui serait intervenue dans son palais. Lui et les autres personnes impliquées dans ce dossier pourraient être poursuivis pour coups et blessures volontaires. Des faits prévus et punis par la loi.
L’empereur mondial de la fraternité Ogboni et trois de ses collaborateurs ont été mis aux arrêts ce dimanche. Ils ont été interpellés à la suite de la dénonciation d’un employé du palais impérial, qui les accuse de châtiment corporel. Owo-Lobè et ses co-accusés ont été présentés au procureur ce lundi.
De sources judiciaires, l’empereur et les autres personnes arrêtées risquent de lourdes sanctions. En effet, pour les faits décrits par la victime, Owo-Lobè et Cie pourraient être poursuivis pour coups et blessures volontaires qui dans leur cas peuvent être qualifiés de prémédités. Les mêmes sources précisent que conformément au code pénal, les mis en cause risquent une réclusion criminelle de 10 à 20ans selon les appréciations du juge. Mais tout dépendra aussi de la qualification qui sera retenue, après consultation du certificat médical de la victime.
Ce que prévoit les articles 509 et 510 du code pénal, en cas de coups et blessures volontaires
Article 509 : Tout individu qui, volontairement a porté des coups ou fait des blessures ou commis toutes autres violences ou voies de fait, s’il est résulté de ces sortes de violences, une maladie ou une incapacité de travail personnel pendant
plus de huit (08) jours, est puni d’un emprisonnement de deux (02) mois à cinq (05) ans et d’une amende de cent mille (100.000) francs CFA à un million (1.000.000) de francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement.
Il pourra en outre être privé des droits mentionnés en l’article 38 du présent code pendant un (01) an ou moins et cinq (05) ans ou plus, à compter du jour où il aura subi sa peine.
Si les violences ont été exercées sur les père ou mère légitimes, naturels
ou adoptifs, ou autres ascendants légitime de l’auteur, la peine sera la
réclusion criminelle de cinq (05) ans à dix (10) ans.
Lorsque les violences ci-dessus exprimées auront été suivies de
mutilation, amputation ou de privation de l’usage d’un membre,
de cécité, de perte d’un Å“il ou d’autres infirmités permanentes, le
coupable sera puni de la réclusion criminelle à temps de cinq (05) ans
à dix (10) ans.
Si les coups portés ou les blessures faites, les violences ou voies de fait
exercées volontairement, mais sans intention de donner la mort, l’ont
pourtant occasionnée, le coupable sera puni de la réclusion criminelle
à temps de dix (10) ans à vingt (20) ans.
Article 510 : Lorsqu’il y a eu préméditation ou guet-apens, la peine
sera la réclusion criminelle à temps de dix (10) ans à vingt (20) ans.
Si la mort s’en est suivie, si les violences ont été suivies de mutilation,
d’amputation, ou de privation de l’usage d’un membre, de cécité, de
perte d’un Å“il ou d’autres infirmités permanentes, la peine sera la
réclusion criminelle à perpétuité.
Les faits, selon la victime…
Secrétaire administratif dans les bureaux d’Abibou Adéola Adam alias Owo-Lobè, Ibrahim Houégnon avait été envoyé pour une opération de retrait Mobile Money. Une opération qui a mal tourné et qui serait la principale cause de sa bastonnade.
Selon les dires d’Ibrahim, l’empereur mondial de la fraternité Ogboni l’avait envoyé pour un retrait de 195 000 FCFA. « La dame qui allait me faire l’opération de retrait a mis par mégarde 19 500 fcfa. Elle a donc omis un zéro. Moi j’ai validé sans faire attention », a-t-il raconté dans un audio de 5 minutes. Il a donc validé un retrait de 19 500 FCFA, mais a reçu des mains de la dame une somme de 195 000 FCFA.
J’étais rentré avec les 195 000 fcfa que j’ai remis à son éminence Owo-Lobè. Quelques heures plus tard, la dame s’est rendue compte de son erreur. Elle a donc repris contact avec moi pour récupérer son argent.
Ibrahim H.
C’est après les appels de la dame, qu’il se serait lui-même rendu compte de l’erreur. « Après contrôle, j’ai également constaté qu’il y avait un surplus de 175 500 fcfa. Je suis allé retirer les sous que j’ai ensuite déposé dans mon compte bancaire », a-t-il fait savoir. Après ça, il dit avoir demandé à la dame de la rejoindre au palais impérial des Ogboni.
L’intervention de la police…
La dame s’est effectivement rendue au palais pour rencontrer son débiteur. Ibrahim a promis payer l’argent, mais la police était déjà au courant de l’affaire. Informé de la situation, l’empereur mondial Owo-Lobè lui a demandé d’aller régler la situation au commissariat. « J’ai été gardé à vue. Le commissariat a décidé que je reste là, en attendant qu’il ne fasse jour pour que j’aille faire le retrait pour rembourser », a-t-il confié.
Entre temps, l’empereur et ses ministres ont cotisé 60 mille qu’ils ont envoyé à Ibrahim, pendant qu’il était au commissariat. « Le matin, je suis allé retirer les sous de mon compte bancaire pour rembourser la dame. Après avoir récupéré son argent, elle dit qu’elle ne veut pas enclencher une procédure judiciaire, qu’on pouvait me laisser partir », a-t-il dit dans son audio.
Conformément à la demande de la dame. Ibrahim a été relâché et repris service dans les bureaux d’Owo-Lobè. « Le lendemain, aux environs de 22h 30, Owo-Lobè me faisait comprendre qu’il y a un conseil des ministres au premier étage et que je devais aller apprêter la salle », raconte Ibrahim.
Un conseil des ministres spécialement consacré à l’affaire « Mobile Money »
Arrivée dans la salle du conseil des ministres, Ibrahim rencontre le premier ministre du palais impérial, qui lui fait savoir qu’il est aussi concerné par la séance.
L’ordre du jour portait uniquement sur ma personne. Après le point de la situation fait par un membre du palais, qui était aussi au commissariat, s’en est suivi ma bastonnade. Une dame sort un bois, un bâton en fer, une lanière, une barre en aluminium. Ils étaient au nombre de 18. Elle a demandé à ce que chacun d’eux m’applique 20 jours. A tour de rôle, ils m’ont châtié.
Ibrahim H.
Dans la vidéo qui a abondamment circulé sur les réseaux sociaux, On voit Ibrahim bastonné à sang. Au milieu d’un groupe de personnes, couché à terre, il recevait sans cesse des coups violents. Il a pu s’échapper par la suite pour se retrouver à l’hôpital.
Comment Ibrahim est-il devenu employé de l’empereur des Ogboni ?
Selon ses dires de la victime, sa rencontre avec Abibou Adéola Adam alias Owo-Lobè, s’est faite pendant que ses activités commerciales tournaient au ralentit. En effet, Ibrahim avait décidé d’aller consulter l’empereur mondiale de la fraternité Ogboni pour mieux comprendre ce qui se passait dans sa vie.
De la consultation, il en était ressortir que c’est l’une de ses épouses qui serait à la base de ses difficultés. « Quelques semaines plus tard, il me prend comme secrétaire administratif dans ses bureaux, en juin 2020 », précise la victime.