En prison depuis novembre 2022, les personnes impliquées dans la tentative de casse d’une banque, étaient à la barre le jeudi 2 février 2023. Au cours de cette audience à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), trois prévenus ont été écoutés à la barre. Il s’agit du député Désiré Vodonou, de Sylvestre A., chef d’agence d’une banque à Godomey et Sy S. A. A., informaticien sénégalais.
Devant le juge en charge du dossier, les mis en cause ont livré chacun leur version des faits. De leurs interventions, il en ressort une explication détaillée de l’opération frauduleuse pour laquelle ils ont été arrêtés.
Selon Libre Express qui a suivi l’audience, Désiré Vodonou n’a pas rejeté les faits portés contre sa personne, mais face au juge, il a tenu à faire des clarifications. « L’opération pour laquelle j’ai été arrêté s’appelle server to server », a t-il déclaré. Il a confié qu’il voulait réaliser cette opération au profit d’un partenaire d’affaires russe.
Il s’agit, selon l’ex-député, cette opération réalisée par des oligarques russes consiste à envoyer de l’argent depuis la Russie en direction de l’Afrique. Selon ses explications, le but de cette transaction peu catholique, c’est de contourner les sanctions imposées à la Russie à cause de la guerre en Ukraine. Selon les dires de Désiré Vodonou, il n’a donc pas été question de voler une banque au Bénin. « Désiré Vodonou ne va jamais voler une banque au Bénin », a-t-il juré.
Prise de contact avec l’oligarque russe
Dans la suite de son récit, Désiré Vodonou déclaré avoir été contacté par le Russe. Par la suite, il a été également en contact avec le représentant du russe, un Ivoirien.
Ces échanges lui ont permis de cerner l’opération dans la pratique. Ainsi, il a expliqué que lorsque l’argent sera récupéré via le « server to server », il sera ensuite redistribué sur des cartes prépayées au Bénin et en Côte d’Ivoire.
Mais l’opération a vite pris du plomb dans l’aile. L’ex-parlementaire dit avoir abandonné le projet, notemment « l’introduction dans le système informatique » de la banque, lorsqu’il a appris que le dossier allait être géré par un chef d’agence. « Écoutez, c’est Désiré Vodonou, je ne vais pas vouloir faire une affaire de centaines de millions d’euros et la faire avec un chef d’agence d’une banque », a-t-il dit selon les propos rapportés par Libre Express.
Selon l’homme d’affaires béninois, il s’agit d’une opération à haut risque nécessite la complicité d’un haut responsable de la banque. C’est pourquoi, il affirme avoir vite abandonné. Si Désiré Vodonou dit avoir abandonné le projet, celà n’a visiblement pas été le cas chez le chef d’agence de la banque, le sieur Sylvestre A. et l’informaticien Sénégalais Sy S. A. A.. Ils auraient poursuivi l’opération à l’insu de Désiré Vodonou.
Ce que Sylvestre A. et l’informaticien sénégalais ont dit à la barre
Convoqué à la barre avant Désiré Vodonou, le chef d’agence et l’informaticien sénégalais ont livré leur part de vérité. Sylvestre A. a avoué avoir rencontré Sy S. A. A. dans un hôtel à Cotonou où il a visionné en photo l’appareil qui devrait permettre l’introduction dans le système informatique de la banque.
A son tour, le sénégalais a précisé que cette rencontre s’est tenue en présence d’un intermédiaire qui avait les détails sur les tenants et aboutissants de l’opération. Il a également confié que l’objectif de cette opération de convaincre un informaticien interne en service au sein de la banque pour porter main forte au chef d’agence.
Revenu à la barre, le chef d’agence Sylvestre A. a confié qu’il reçu l’appareil, l’outil principal de l’opération. Selon ses déclarations, il avait même déjà introduit le matériel dans le système de la banque, mais l’opération n’a pas marché. C’est ainsi qu’il a entrepris de solliciter l’aide d’un informaticien de la banque. Celui-ci, a décliné l’offre avec stratégie et l’aurait par la suite dénoncé.
Il faut signaler que l’Ivoirien, présenté comme le représentant de l’homme d’affaires russe a pris la clé des champs. Selon Désiré Vodonou, l’intéressé a fui depuis qu’il a compris qu’il s’agissait d’une infiltration d’un système bancaire.