Le Bénin commémore depuis le 19 Février 2022, le 32 ème anniversaire de la conférence nationale des forces vives de la Nation. A l’occasion de cette commémoration, l’ancien président de la cour constitutionnelle, Me Robert Dossou a passé en revue le parcours tout en posant son regard sur le temps présent caractérisé par une apothéose d’hypocrisie.
Reçu sur « Crystal News » pour un bilan de parcours de la conférence nationale des forces vives de la Nation, l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Robert Dossou a posé un regard introspectif sur le parcours depuis l’historique conférence de 1990.
A croire l’un des acteurs de cette conférence, ces assises s’est imposée aux béninois parce que le régime était à bout de souffre. « Un régime à parti unique qui a fait ses preuves et ses preuves ont prouvé son échec« , confie-t-il.
Pour Robert Dossou, la conférence nationale des forces vives de la Nation a permis de dégager des principes dont le principe du consensus. « L’exclusion a été prohibée ». Ces principes, précise-t-il, a permis d’asseoir les bases de la nouvelle constitution, la constitution de 1990.
« Vous savez dans l’histoire de toutes les sociétés, il y a des moments fondateurs qui peuvent être remis en cause. Donc pour moi, il y a des aspects qui ont été remis en cause depuis quelques années« , a affirmé Me Robert Dossou
Le Bénin est toujours dans un système démocratique
En dépit de la remise en cause de certains principes fondamentaux issus de la conférence des forces vives de la Nation, le Bénin, rassure l’ancien président de la cour constitutionnelle, est toujours dans un système démocratique.
Les soubresauts connus par le pays avec des tentatives de remise en cause du système démocratique est pour l’homme de droit, dans l’ordre normale des choses et l’histoire des grandes nations révèlent qu’elles ont également connu ces moments.
Sur les appels à une autre conférence nationale, l’ex bâtonnier de l’ordre des avocats estime que cela ne serait pas nécessaire. Aucune conférence organisée ne sera comme celle de 1990 car ce n’est pas le même contexte, indique-t-il.
Sur l’Etat de droit, Me Robert Dossou se dit assez malheureux d’abord sur le fond de la production du droit et ensuite sur sa mise en Å“uvre. Sur le fonctionnement des institutions de la République, Me Robert Dossou a préféré se référer à une caricature du quotidien du service public pour livrer le fond de sa pensée.
« Je vais vous répondre que j’ai vu dans La Nation, une édition récente. J’ai vu une caricature avec une moto devant et la remorque derrière; et dans la remorque, il y avait toutes les institutions de la République et sur la moto, c’est le chef de l’Etat qui conduisait. J’ai trouvé cette caricature très expressive et je m’arrête là« , indique-t-il tout simplement
Comparaison entre 1990 et 2022…
Le Bénin dans sa marche démocratique n’est pas resté le même de 1990 à 2022. Selon l’ancien président de la cour constitutionnelle, Me Robert Dossou, en 1990, le Bénin est sorti de la conférence par une apothéose merveilleuse de liberté.
A croire Me Robert Dossou, on ne peut plus retrouver cette joie merveilleuse aujourd’hui. Si des gens invitent à l’organisation d’une nouvelle conférence, c’est parce qu’il y a dans le pays des frustrations. Certains estiment qu’il faut qu’on lève la soupape pour que ceux qui sont frustrés, qui ont peur et qui ne peuvent pas extérioriser leur frustration puissent se libérer, puissent parler.
« La fin de la conférence nationale des forces vives de la Nation était une apothéose de liberté. Alors, aujourd’hui, on peut constater l’apothéose d’hypocrisie. Les gens n’osent pas dire exactement ce qu’ils pensent et je le constate dans les administrations, j’observe les gens; ils sont frustrés, ils se taisent, ils sont sous une charte de peur. Parfois ils ont peur de leur propre ombre« , indique l’homme de droit.
Beaucoup précise-t-il, l’indexe pour lui dire: mais toi tu parles beaucoup trop, je ne peux pas venir chez toi, je ne peux pas t’approcher. Cet état d’esprit dans lequel les gens sont dans le pays, poursuit Me Robert Dossou, n’est ni bon pour le pays ni pour les dirigeants ni pour les dirigés, a-t-il indiqué.