L’armée congolaise s’est activée pour prendre le dessus dans la guerre qui l’oppose aux rebelles du M23. De sources sécuritaires, les offensives se multiplient contre les rebelles qui ont conquis plusieurs villes dans l’Est de la RDC et avancent vers Goma.
Goma, ville située sur la rive nord du lac Kivu, en RDC, retient son souffle. Les combats qui ont repris, il y a deux semaines, entre les rebelles du M23 et les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), s’approchent de cette ville qui est le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Les habitants de Goma craignent que la ville tombe sous le contrôle des rebelles qui, depuis le 30 octobre, se sont emparés d’une large partie du territoire de Rutshuru, considéré comme le grenier de Goma.
Désormais à une cinquantaine de kilomètres de Goma, les rebelles du M23 intensifient le combat face aux forces armées congolaises qui, elles aussi, sont prêtes à en découdre avec les insurgés. Avec le soutien du président Félix Tshisekedi, l’armée congolaise multiplie les contre-offensives.
Ce mardi, les FARDC ont utilisé les avions de chasse et des hélicoptères d’attaque pour bombarder les positions occupées par le M23. Des sources sécuritaires congolaises évoquent une opération « réussie », alors que le M23 dénonce des bombardements sur la « population civile ». En fin de semaine passée, c’est l’armée ougandaise qui a bombardé des positions des rebelles dans l’Est de la RDC, avec l’autorisation des autorités congolaises.
Sur le terrain des affrontements, les sources sécuritaires évoquent des progrès des forces armées congolaises. Mais les combats restent toujours intenses et inquiètent.
Des populations vivent la peur au ventre…
Ce n’est pas la première fois que le M23 lance une large offensive en RDC. En 2012, les rebelles avaient conquis Goma, avant de le libérer plus tard, après la promesse d’un dialogue et les pressions internationales. Cette année, les populations de l’Est craignent de devoir vivre la même chose. « Une peur bleue plane sur Goma et ses environs », a déclaré A. D, contacté par BENIN WEB TV. Ce congolais, résidant à Goma, s’inquiète de devoir éventuellement quitter à nouveau, son domicile, après l’avoir abandonné lors de l’éruption du volcan Nyiragongo: » C’est dur à Goma. La vie est chère, les produits de première nécessité ont augmenté de prix et les camions de ravitaillement ne viennent presque plus », a-t-il déclaré.
« Si l’armée ne parvient pas à freiner l’avancée des rebelles, je n’aurai plus de choix que d’abandonner une nouvelle fois, mon domicile. On tremble de peur ici »
A.D
« 200 000 personnes forcées de fuir les affres terroristes »
Dans son discours à la nation le jeudi dernier, le président Félix Tshisekedi, a appelé à une mobilisation contre la « guerre d’agression » menée par les rebelles du 23, accusés d’être soutenus par le Rwanda qui dément cette accusation. Il a confirmé que le M23 a pris contrôle de « certaines localités dans le territoire de Rutshuru occasionnant ainsi un drame humanitaire avec plus de 200 000 » personnes forcées de fuir les affres terroristes dans les zones de combats.
« Ils se retrouvent en dehors de chez eux sans logis, sans nourriture et sans soins. Des instructions précises ont été données au gouvernement pour leur rassemblement et prise en charge. Au-delà de ces efforts, j’en appelle à un élan général de solidarité pour alléger leur fardeau », a rassuré le président Félix Tshisekedi.
Le M23, ancienne rébellion tutsi, a repris les armes fin 2021 et conquis plusieurs localités du territoire de Rutshuru, dans le Nord-Kivu, dont Bunagana, cité stratégique à la frontière ougandaise, en juin dernier. La force régionale censée appuyer les forces armées congolaise et protéger les civils prend déjà forme. Mercredi dernier, les sources officielles congolaises et kenyanes ont annoncé l’arrivée imminente des forces kenyanes. La communauté internationale notamment les Etats-Unis et l’Union Africaine, a appelé au dialogue pour une issue pacifique.