Ce 2 avril 2024, Bassirou Diomaye Faye a prêté serment à la tête de l’État sénégalais, après avoir remporté l’élection du 24 mars. Il succède à Macky Sall, qui a dirigé le pays pendant deux mandats (2012-2024). Âgé de 44 ans, il deviendra le cinquième président du Sénégal et la plus jeune personne à occuper cette fonction.
Bassirou Diomaye Faye (de son nom complet Bassirou Diomaye Diakhar Faye) est né le 25 mars 1980 dans le village de Ndiaganiao, dans la région de Thiès. Il est diplômé de l’École nationale d’administration de Dakar. Il entre à la Direction générale des impôts et des domaines, où il rencontre son futur associé politique et ami Ousmane Sonko. Ce militant syndicaliste fut secrétaire général du syndicat des impôts et des domaines, fondé par Sonko.
Carrière politique
En 2014, Bassirou Diomaye Faye participe à la création du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) dirigé par Ousmane Sonko. Il coécrit son programme avant l’élection présidentielle de 2019, au cours de laquelle Sonko arrive troisième avec 15,67% des voix.
En février 2021, Sonko, alors figure éminente de l’opposition, est arrêté pour viol. Faye prend alors les rênes du parti. Il considère que sa principale tâche est de rassembler les forces d’opposition autour du Pastef avant les municipales de janvier 2022, et participe activement à la création de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi (Libérons le peuple en wolof). À l’issue de ces élections, Yewwi Askan Wi parvient à reprendre à la coalition au pouvoir le poste de gouverneur de plusieurs grandes villes, dont Dakar. Lors des élections législatives de juillet, cette coalition remporte 56 des 165 sièges de l’Assemblée sénégalaise.
En avril 2023, Bassirou Diomaye Faye est arrêté pour « diffusion de fausse nouvelle, outrage à magistrat et diffamation envers un corps constitué ». À ces accusations, s’ajouteront par la suite celles d' »appel à la rébellion » et d' »atteinte à la sûreté de l’État », qui vont faire prolonger sa détention.
Élection présidentielle de 2024
En décembre 2023, les militants du Pastef vont désigner Bassirou Faye candidat plan B du Pastef pour l’élection présidentielle de 2024, après que leur leader Ousmane Sonko est déclaré inéligible à cause d’une condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injures publiques contre un ministre. Début 2024, les deux candidats du Pastef, parti alors dissous, sont incarcérés. Néanmoins, le 20 janvier, le Conseil constitutionnel sénégalais inclut Faye sur la liste définitive des 20 candidats à la présidentielle, parce que même détenu, il n’avait pas encore été jugé. La candidature de Sonko est quant à elle définitivement recalée, sa condamnation pour diffamation à six mois de prison confirmée, ce qui a suscité de nombreuses protestations dans plusieurs villes.
Le 7 mars 2024, face aux troubles socio-politiques qui agitent tout le Sénégal, le président Macky Sall annonce une amnistie générale de plusieurs prisonniers politiques. Une fois libre, Faye, avec le soutien de Sonko, a lancé une campagne électorale et attire plusieurs forces de l’opposition à ses côtés. Deux des 19 candidats à la présidence ont dans la foulée annoncé leur désistement en sa faveur. Au soir des urnes, Faye est déclaré victorieux dès le premier tour avec 54,25% des voix, loin devant son adversaire Amadou Ba, le candidat de la majorité présidentielle, qui n’obtint que 35,79% des suffrages.
Programme politique
Se disant panafricaniste de gauche, le président Faye « hérite » du programme politique d’Ousmane Sonko. Les points clés sont la lutte contre la corruption et le rééquilibrage des partenariats internationaux, surtout avec la France. Ainsi, il propose une sortie du franc CFA, de supprimer le poste de premier ministre et d’instaurer celui de vice-président élu conjointement avec le chef de l’État.
Il promet de réformer les institutions publiques, notamment en créant une Cour constitutionnelle véritablement indépendante du pouvoir exécutif en lieu et place du Conseil constitutionnel. Il compte aussi suspendre l’accord de pêche avec l’Union européenne et de renégocier les contrats miniers existants. Interrogé par les médias français sur d’éventuelles relations avec la Russie, il a déclaré qu’il n’excluait aucun État comme partenaire possible.
Le nouveau président du Sénégal est musulman pratiquant, marié à deux femmes (la loi sénégalaise autorise la polygamie) et père de quatre enfants.