L’Allemagne a finalement convaincu le Canada de lui restituer une turbine destinée au gazoduc russe Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie. Mais l’Ukraine reproche à Berlin de « se soumettre au chantage du Kremlin« .
Depuis mi-juin, l’Allemagne ne reçoit plus que 40 % des livraisons habituelles de gaz en provenance de Russie. Une catastrophe économique pour ce pays, très dépendant du gaz russe. Officiellement, Moscou invoque les sanctions européennes pour justifier la forte réduction des livraisons depuis un mois. Les sanctions interdisaient jusqu’ici à la filiale canadienne de Siemens de retourner à la Russie des turbines défectueuses – entre-temps réparées – nécessaires au fonctionnement du gazoduc.
L’Ukraine avait instamment prié le Canada de ne pas rendre la turbine. « Nous demandons au Canada de ne pas remettre la turbine de Gazprom à l’Allemagne, mais à l’Ukraine« , avait écrit jeudi sur sa page Facebook Serguiï Makogon, patron de l’opérateur de transport de gaz OGTSU. Selon lui, les gazoducs ukrainiens sont capables de transporter un volume suffisant de gaz vers l’Allemagne pour compenser la baisse des livraisons russes. « L’Ukraine peut transporter la totalité du volume de Nord Stream, tandis qu’il existe encore le gazoduc inactif Yamal qui passe par la Pologne« , argumente Serguiï Makogon.
Pour l’économie allemande, tout va se jouer à la fin du mois, lorsque Nord Stream 1 doit reprendre du service, après les rituels travaux de maintenance de l’été qui démarrent demain. L’échéance est attendue avec inquiétude par le chancelier Olaf Scholz, qui redoute que Moscou n’invoque de nouveaux problèmes techniques pour couper cette fois totalement le robinet du gaz.