L’union africaine, une chimère ?
Une grande union panafricaine toujours menacée, exige une praxis révolutionnaire internationaliste, de l’audace, du courage sans sombrer dans la témérité, le décryptage des compromissions qui nous minent.
Frantz Fanon
Les révoltes récentes en Afrique du Nord sonnent comme un boomerang de l’histoire et le printemps propagé a pu donner l’impression d’un champ de cygnes du néo-colonialisme. En réalité, leur instrumentalisation et leur infléchissement vers d’autres desseins ne peuvent interdire l’optimisme, d’ailleurs inhérent à l’africanité.
Fanon dit: « L’optimisme qui règne aujourd’hui en Afrique n’est pas un optimisme né du spectacle de forces de la nature enfin bénéfiques aux Africains. Cet optimisme n’est pas non plus dû à la constatation chez l’ancien oppresseur de dispositions moins inhumaines et plus bienveillantes. L’optimisme en Afrique est le produit direct de l’action révolutionnaire, politique ou armée-souvent les deux à la fois-des masses africaines».
En observant récemment la Tunisie, l’Algérie l’Égypte, le Burkina, le mali, j’ai pu me rendre compte, certes, que derrière cet optimisme la route est encore longue ; que ces avancées peuvent très bien ne pas accoucher de révolutions, tellement le culturalisme, l’intégrisme et l’impérialisme peuvent l’infléchir. J’ai noté aussi combien les forces progressistes y sont encore fragiles et incapables pour l’instant de diriger le mouvement historique.
C’est aussi plus que jamais le cas du Congo qui demeure, comme l’avait prédit Fanon, la gâchette de l’Afrique, et qui, au lieu de tourner la violence contre l’impérialisme, se fait violence. Ce Congo, scandale géologique qui a connu ce que Fanon redoutait le plus et dont les millions de morts, sacrifiés sur l’autel de nos modes de consommation post-modernes et de nos zizanies entretenus par un capitalisme tronqué, supplient, par leur tragédie, l’Afrique de s’unir.
Fanon a encore raison, il nous faut parachever les avancées amorcées en Afrique du Nord et pousser l’Afrique vers l’émancipation totale.
Une cinquantaine c’est bref, mais suffisant pour tirer des bilans, se satisfaire de progrès réels accomplis, apprendre de nos erreurs et surtout tirer des leçons, autant des avancées que des régressions. Pour nous y aider toutes les Africaines et tous les Africains doivent lire ou relire « Pour la révolution africaine » .