L’Ukraine va introduire un régime de visas pour les Russes à compter du 1er juillet, a annoncé vendredi 17 juin le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après bientôt quatre mois d’invasion russe de son pays.
Le gouvernement ukrainien doit adopter dans la journée une décision formelle en ce sens « pour contrer les menaces sans précédent à la sécurité nationale, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de notre Etat », a précisé le chef de l’Etat ukrainien sur Telegram. Cette décision importante mettra fin aux voyages sans visa pour les Russes qui étaient en vigueur depuis l’indépendance de l’Ukraine de l’URSS en 1991.
« Sur fond de guerre lancée par la Russie, il y est nécessaire de renforcer le contrôle sur l’entrée des citoyens russes en Ukraine. La sécurité est la priorité », a ajouté le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak. Ces deux ex-républiques soviétiques slaves, qui ont une frontière commune de presque 2.300 kilomètres, sont également proches par des liens familiaux entre leurs citoyens.
Le nombre de Russes voyageant en Ukraine a fortement chuté depuis l’annexion en 2014 par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée, suivie d’une guerre avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine soutenus par le Kremlin. Si en 2013, 10,8 millions de Russes avaient visité le pays voisin, ce chiffre s’est effondré à 2,5 millions en 2014 avant de baisser à 1,5 million par an de 2015 à 2019, a indiqué à l’AFP le porte-parole des gardes-frontières ukrainiens Andriï Demtchenko.
Dans les années 2020 et 2021, sur fond de pandémie du Covid-19, le nombre de voyageurs russes n’a pas dépassé 500.000 entrées par an, selon la même source. L’Ukraine, qui a connu deux révolutions en faveur de la démocratie depuis 2004 et où le russe continue d’être largement parlé, est par ailleurs devenue ces dernières années une destination d’exil pour les Russes libéraux fuyant le régime de Vladimir Poutine. Fin janvier, près de 175.000 Russes bénéficiaient d’un titre de séjour en Ukraine, a indiqué à l’AFP le service d’Etat des migrations. De nombreux autres citoyens pourraient s’y trouver illégalement en plus toutefois, Kiev n’ayant jusque-là jamais instauré de régime de visas avec la Russie.