A défaut de vaincre sur le terrain militaire, l’Ukraine a remporté vendredi une bataille symbolique sur la Russie. L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a inscrit vendredi le bortsch ukrainien sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
« A nous la victoire dans la guerre du borchtch », s’est réjoui dans la foulée de l’annonce onusienne le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandr Tkatchenko. L’Ukraine « gagnera aussi bien la guerre du borchtch » que le conflit actuel avec Moscou, a-t-il écrit sur son compte Telegram.
La Russie, qui revendique aussi le bortsch comme une partie intégrante de son patrimoine, a contesté cette décision, la présentant comme un exemple du « nationalisme kiévien contemporain« . L’Unesco précise dans son communiqué que l’inscription annoncée vendredi « reconnaît l’importance sociale et culturelle de la préparation du bortsch chez les Ukrainiens », précisant toutefois qu’elle n’implique « ni l’exclusivité ni la propriété du patrimoine en question« .
Un porte-parole de l’Unesco a expliqué que ce nouveau statut permettrait à l’Ukraine de déposer des demandes pour financer des projets visant à promouvoir et protéger le plat. Devant la commission du patrimoine de l’Unesco, le ministre Tkatchenko avait tenu des propos plus mesurés. Malgré la guerre, « beaucoup de familles ukrainiennes vont manger du borchtch ukrainien aujourd’hui », avait-il commenté. « Dans les villes détruites, dans les autres pays qui ont accueilli les populations ukrainiennes, le borchtch ukrainien est un symbole gastronomique de notre identité nationale ».
Le borchtch est une soupe à base de betterave et de chou, souvent accompagnée de crème fraîche, très populaire en Europe centrale, notamment en Russie. Il est communément admis que ce plat est d’origine ukrainienne.
Mi-avril, l’Ukraine a ainsi demandé l’intégration de ce potage à la liste du patrimoine culturel immatériel en péril, estimant que le conflit engagé par la Russie menaçait la « viabilité » de la tradition entourant ce plat. Deux mois plus tard, un comité de l’Unesco sur le patrimoine culturel immatériel, réuni en session extraordinaire, a donné raison à Kiev.