Les députés espagnols ont accepté mardi d’examiner une proposition de loi sur la prostitution. Cette proposition de loi controversée vise à pénaliser les clients de la prostitution.
Les députés espagnols ont accepté mardi d’examiner une proposition de loi sur la prostitution déposée par les socialistes du Premier ministre Pedro Sanchez afin notamment de pénaliser les clients, une question qui divise la gauche au pouvoir. Dans un pays où la prostitution bénéficie d’un flou juridique permettant à une multitude de maisons closes d’être autorisées ou tolérées, ce texte répond à la promesse de Pedro Sanchez d' »abolir » la prostitution.
Mais il suscite l’opposition d’une partie de la gauche, de certains mouvements féministes et d’associations de défense des travailleuses du sexe qui prônent la régulation de la prostitution et jugent qu’une telle loi ne ferait que favoriser les réseaux de proxénètes.
De l’amende à la prison
Cette proposition de loi vise en particulier à pénaliser les clients comme l’ont déjà fait d’autres pays européens comme la France, le Royaume-Uni, la Norvège ou la Suède. Si elle est adoptée, ils pourront être condamnés à des amendes de plusieurs milliers d’euros et à des peines de prison si la prostituée est mineure.
Les socialistes veulent également durcir l’arsenal contre le proxénétisme, entendu comme toute forme de « domination » sur une prostituée, avec des peines pouvant aller de trois à six ans de prison, contre deux à cinq actuellement, et des amendes de plusieurs milliers d’euros. Le fait de fournir un local à une prostituée deviendrait aussi une circonstance aggravante pour un proxénète tandis que la relation « d’exploitation » lucrative, aujourd’hui nécessaire pénalement, ne le sera plus, ce qui permettra de poursuivre également des proches des prostituées.
Ce texte vise aussi à accorder aux prostituées le statut de victimes et les droits d’assistance qui vont avec.
Créé l’an dernier, le premier syndicat espagnol de travailleuses du sexe Otras a jugé que le texte des socialistes n’était « pas abolitionniste mais prohibitionniste » et que « les interdictions créaient des mafias« . « Ces mesures nous conduisent à disparaître sans qu’aucun type d’aide ne nous soit fournie », a-t-il ajouté. Les estimations officielles vont de 45.000 à 120.000 prostituées en Espagne. La majorité est en situation irrégulière. Selon une enquête d’un institut public datant de 2008, la dernière sur ce sujet, près d’un tiers (32,1%) des hommes espagnols ont déjà eu recours à la prostitution.