Le Bénin, une « autocratie électorale améliorée » (EA+) selon le Democracy Report 2024
Le Democracy Report 2024, publié par le V-Dem Institute, dresse un état des lieux détaillé de la démocratie dans le monde. Basé sur plus de 31 millions de points de données couvrant 202 pays, ce rapport met en évidence une tendance alarmante à l’autocratisation, qui touche désormais 71 % de la population mondiale, soit 5,7 milliards de personnes. Cette montée des régimes autoritaires s’accompagne d’un affaiblissement des institutions démocratiques, d’une répression accrue de la liberté d’expression et d’une manipulation croissante des élections. Le Bénin, qui fut longtemps cité comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, fait partie des pays connaissant des fluctuations notables, oscillant entre consolidation démocratique et restrictions institutionnelles.
Le président béninois, Patrice Talon
PH: Présidence du Bénin
Le rapport indique que 71 % de la population mondiale vit sous un régime autocratique, une hausse significative par rapport aux 48 % enregistrés il y a dix ans. Cette régression démocratique se manifeste par une diminution des libertés fondamentales, une concentration accrue du pouvoir exécutif et des manipulations électorales. Alors que 91 pays sont encore considérés comme des démocraties, 88 sont classés comme des autocraties, confirmant un équilibre mondial de plus en plus précaire.
La situation est particulièrement préoccupante en Europe de l’Est et en Asie centrale, où des gouvernements renforcent leur emprise sur les médias, limitent la liberté d’expression et modifient les règles électorales pour assurer leur maintien au pouvoir. L’Afrique, quant à elle, connaît une progression marquée des autocraties, avec une série de coups d’État qui affaiblissent les avancées démocratiques des décennies précédentes. Les Seychelles se distinguent comme l’un des rares pays du continent à maintenir un statut de démocratie libérale.
La tendance mondiale montre également que la qualité des élections s’effondre, avec 23 pays enregistrant une nette détérioration dans la transparence et la crédibilité du processus électoral. La liberté d’expression est également en recul dans 35 pays, où les restrictions sur la presse indépendante et la répression des voix dissidentes se sont intensifiées.
Le Bénin : Entre autocratisation et lueurs d’espoir
Autrefois perçu comme un modèle démocratique en Afrique, le Bénin est aujourd’hui classé comme une « autocratie électorale améliorée » (EA+). Ce statut signifie que le pays est dans un système politique où des élections sont toujours organisées, mais sous des conditions qui entravent la participation équitable et le libre exercice des droits démocratiques. Selon le rapport, depuis 2013, le pays a connu un processus d’autocratisation marqué par des restrictions de la liberté de la presse, une concentration du pouvoir exécutif et des tensions croissantes entre l’opposition et le gouvernement.
Toutefois, le Democracy Report 2024 évoque une légère amélioration enregistrée en 2023, classant le Bénin parmi les pays ayant connu une « U-Turn Democratization », c’est-à-dire une tentative de redressement après une période de déclin démocratique. Cette évolution résulte de plusieurs facteurs. Bien que des restrictions persistent, certaines réformes électorales et institutionnelles ont été initiées pour restaurer une certaine confiance dans le processus démocratique. Par ailleurs, la société civile et les médias indépendants continuent de jouer un rôle essentiel dans la préservation des acquis démocratiques, en exerçant une pression sur les autorités pour limiter les dérives autoritaires.
Cependant, la consolidation démocratique reste fragile. L’indépendance des institutions électorales est encore sujette à des controverses, certains observateurs dénonçant un manque de neutralité dans l’organisation des scrutins. La liberté de la presse, bien que moins réprimée que dans d’autres pays de la région, demeure restreinte par des lois qui limitent l’accès à l’information et sanctionnent les critiques envers le pouvoir. Les libertés publiques et l’espace démocratique doivent être renforcés pour garantir un véritable pluralisme politique et assurer une participation citoyenne active et inclusive.