En Afrique, la maison-mère de Facebook Meta est attaquée pour trafic d’êtres humains et esclavage moderne. Un scandale de plus autour de l’entreprise de Marc Zuckerberg.
Daniel Motaung, un ancien modérateur de contenu externalisé de Facebook, a intenté un procès mardi, auprès d’un tribunal de Nairobi, la capitale du Kenya. Il accuse Meta et la société d’externalisation Sama de multiples violations de la constitution kenyane.
Traite d’êtres humains africains
Pour le contexte, cette action en justice fait suite à un article publié en février par le magazine TIME, intitulé “Inside Facebook’s African Sweatshop”. Dans ce dernier, Daniel Motaung et d’autres employés actuels et anciens de Sama ont témoigné de traumatismes généralisés, d’un salaire horaire aussi bas que 1,50 dollar et d’un prétendu démantèlement syndical. C’est ainsi que l’homme se dit “détruit” après avoir travaillé comme modérateur de contenu pour Facebook. En clair, il accuse le géant d’avoir fait de la traite d’êtres humains africains pour les faire travailler dans une installation où règnent l’exploitation et l’insécurité au Kenya.
Concrètement, Daniel Motaung, le plaignant, “demande aux tribunaux kenyans d’ordonner à Facebook et à ses sous-traitants de mettre fin à l’exploitation dans son centre de modération de Nairobi, où les modérateurs de contenu travaillent dans des conditions dangereuses”.
Focus sur le recrutement et les fiches de paie
D’après l’action en justice, le sous-traitant Sama cible des personnes issues de familles pauvres du Kenya, d’Afrique du Sud, d’Éthiopie, de Somalie ou encore d’Ouganda. Et ce, avec des “offres d’emploi trompeuses” qui ne mentionnent pas qu’elles travailleront comme modérateurs de contenu sur Facebook ou qu’elles visionneront des contenus dérangeants qui les exposeront à des problèmes de santé mentale.
En fait, d’après Mercy Mutemi, l’avocate de Motaung à l’origine de la requête au tribunal mardi matin, le recrutement se fait par la tromperie. De plus, la plainte indique que les modérateurs de contenu ne bénéficient pas d’une couverture médicale suffisante pour suivre un traitement de santé mentale. Enfin, l’action en justice vise également à ordonner à Facebook et à Sama de respecter le droit des modérateurs à se syndiquer.
La réponse de Nairobi
Le bureau de Meta à Nairobi a déclaré qu’il prenait au sérieux sa responsabilité envers les personnes qui modèrent le contenu pour l’entreprise. Il exige de ses “partenaires qu’ils fournissent un salaire, des avantages et un soutien de premier ordre”, selon une déclaration publiée par la porte-parole de l’entreprise. Le communiqué précise, “nous encourageons également les modérateurs de contenu à soulever des problèmes lorsqu’ils en ont connaissance et effectuons régulièrement des audits indépendants pour nous assurer que nos partenaires respectent les normes élevées que nous attendons d’eux”. De son côté, Sama a déjà nié l’exploitation et le démantèlement des syndicats.
Pour rappel, en 2020, Facebook avait accepté de verser 52 millions de dollars à des modérateurs de contenu américains. Ces derniers affirmaient avoir été témoins à plusieurs reprises de faits traumatisants. À savoir, des décapitations, des abus sexuels sur des enfants, de la cruauté envers les animaux, du terrorisme et d’autres contenus dérangeants. Ils ont donc décidé de déposer un recours collectif.