Quatre ans après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le prince héritier Mohammed ben Salmane dîne ce jeudi avec Emmanuel Macron à Paris. Une visite qui indigne les défenseurs des droits de l’Homme, mais qui est jugée indispensable pour la France en pleine crise énergétique.
Un « dîner de travail » entre le président français et le prince héritier saoudien. Emmanuel Macron recevra jeudi soir Mohammed Ben Salmane à l’Élysée, lors d’une visite officielle de ce dernier en France, annonce Paris dans un communiqué publié ce mercredi. Il s’agit de la première visite du prince en Europe depuis que ce dernier a été isolé après l’assassinat du journaliste critique du régime saoudien Jamal Khashoggi, à Istanbul, qu’il aurait « validé » selon le renseignement américain. Implication que l’Arabie saoudite a toujours niée.
La dernière rencontre entre le Président français et Mohammed Ben Salmane remonte au mois de décembre. Emmanuel Macron s’était alors rendu en Arabie saoudite pour échanger avec le prince héritier à propos de la « stabilité » au Moyen-Orient et de la situation au Liban. Cette entrevue avait suscité une polémique, Emmanuel Macron étant l’un des premiers dirigeants occidentaux à faire un pas vers le Saoudien depuis plusieurs années.
Intérêts pétroliers
Moins de quatre ans après l’affaire Khashoggi, l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier a provoqué un affolement des prix de l’énergie. Les pays occidentaux cherchent depuis lors à convaincre l’Arabie saoudite, le premier exportateur de brut, d’ouvrir les vannes afin de soulager les marchés et limiter l’inflation.
Mais Ryad résiste aux pressions de ses alliés, invoquant ses engagements vis-à-vis de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+), l’alliance pétrolière qu’il codirige avec Moscou. En mai, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan al-Saoud, avait déclaré que le royaume avait fait ce qu’il pouvait pour le marché pétrolier.
Deux semaines plus tôt, Biden rencontrait MBS
La rencontre qui doit avoir lieu jeudi intervient moins de deux semaines après celle de « MBS » et Joe Biden, elle aussi très critiquée alors que le président américain avait annoncé son intention de faire de l’Arabie Saoudite un « état paria », à son arrivée à la Maison Blanche. Malgré ces menaces initiales, les deux dirigeants avaient échangé un rapide « check » du poing lors de leur rencontre à Djedda.
Ces récents rapprochements peuvent cependant trouver une explication par la flambée des prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine et par les tensions régionales liées aux programmes balistique et nucléaire iraniens. Un contexte dans lequel Mohammed Ben Salmane redevient un acteur incontournable du Moyen-Orient pour les dirigeants occidentaux.