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Crise au sein du Cadre de Concertation des Confessions Religieuses, et si on passait au mode rotatif ?

COMMUNIQUE

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A l’Assemblée générale du Cadre de Concertation des Confessions religieuses (Cccr), le 24septembre 2022, une organisation des religions endogènes a contesté l’élection du président du Conseil d’Administration et claqué les portes de la réunion.

Dah Adoko Gbèdiga, président national de la Plate-forme de l’Union des Associations et Organisations des Religions Endogènes du Bénin (UAOREB) et acteur de la contestation, donne les raisons et le contenu de la crise ainsi ouverte : « On a effectivement boycotté l’élection du Cadre de Concertation des Confessions Religieuses parce que c’est notre tour (les religions endogènes) de prendre la présidence. Les judéo-chrétiens ont fait trois mandats qui ont duré 9 années. La communauté islamique a fait deux ans. C’est notre tour. C’est le pasteur Michel Alokpo qui a piétiné les endogènes. C’est dans cette optique que nous avons claqué les portes. » (Cf Le Matinal n° 6434 du 04 octobre 2022). Signalons que le Cccr est créé en 2010.

La crise a donc pour base « le piétinement des religions endogènes » au sein du Cadre de Concertation des Confessions Religieuses.

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Les autres protagonistes de ce cadre, notamment Père Benoît Dansou qui a présidé le présidium de cette Assemblée générale explique : « C’est sur la base des nouveaux textes en vigueur. Nous nous sommes dit qu’il faut désormais réglementer le mode de désignation des responsables du Cadre qui se faisait par cooptation. C’est d’abord les protestants qui avaient dirigé puis les musulmans…. A la réunion que nous avons tenue chez le médiateur de la République le 30 janvier 2021, les responsables des religions endogènes avaient revendiqué le fait que c’était leur tour de diriger le Cadre. Pour que tout le monde soit tranquille, nous avons introduit dans les textes, le vote pour désormais départager. » (op.cit.)

Le pasteur Michel Alokpo avance « Nous sommes passés au vote. A l’issue du scrutin, Dah Gbèdiga a eu quatre voix contre 9 pour l’imam….Dah Gbèdiga et les siens font de la manipulation et de l’intoxication ». En gros pour le pasteur Alokpo, Dah Gbèdiga et les siens sont des mauvais perdants. La question de fond, la nécessité d’assurer le « tour » des Endogènes à la présidence du Cadre de Concertation des Confessions religieuses, est évacuée.

Mais passer de la cooptation au vote pour désormais nous départager, comme l’a dit Père Benoît Dansou règle-t-il la question de fond ? Le mode électoral est-il vraiment adéquat en ce qui concerne une organisation de concertation entre groupes à bases philosophiques et opérationnelles différentes, voire concurrentes ? Le Cadre de Concertation est créé en 2010 et regroupe les représentants des trois grandes confessions : le christianisme, l’islam, les religions endogènes.

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Le cadre regroupe donc d’une part des représentants des religions importées et monothéistes et de l’autre les religions endogènes, polythéistes et tolérantes contrairement aux religions importées qui évoluent encore actuellement dans le combat, la négation voire le dénigrement contre ces religions endogènes. Par exemple, Lègba, le dieu protecteur des communautés dans les religions endogènes des Adja-fon est faussement « assimilé » au Satan de la Bible.

Et aujourd’hui encore, le « dja wouwou », l’offrande des prémices aux ancêtres et aux dieux tutélaires constitue toujours un péché capital chez les catholiques. Le piétinement des religions endogènes est donc un fait objectif, non seulement du passé, mais toujours actuel dans les dogmes, les sermons, les prédications des religieux chrétiens et musulmans.

Alors, si l’existence d’un Cadre de Concertation des Confessions religieuses, regroupant toutes les catégories de confessions est un progrès en soi, il doit aussi veiller à combattre la marginalisation et rompre avec la diabolisation des religions endogènes par les religions monothéistes importées. Le mode de désignation des dirigeants du Cadre de concertation devrait également en tenir compte. De l’avis même des acteurs, le mode de désignation par cooptation a conduit objectivement à la marginalisation : le Cadre, créé en 2010, a été présidé par les chrétiens pendant 9 ans et deux ans par les musulmans.

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Le mode électif ne peut non plus résoudre le problème, car il s’agit d’un cadre de concertation entre entités autonomes, voire indépendantes et, les affinités entre religieux monothéistes peuvent toujours jouer pour éliminer le candidat des religions endogènes. On doit reconnaître que c’est une présidence tournante qui serait la mieux adaptée.

On se doit donc de reconnaître, en toute objectivité, que la question de fond posée par des responsables des religions endogènes, à savoir assurer une rotation équitable à la présidence du Cadre de Concertation demeure non résolue. Et si on adoptait le mode de rotation pour la désignation du Président du Cadre de Concertation ?

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