Au Bénin, la boulimie du trésor public pour les crédits bancaires, prêts et titres…

Le Bénin affiche depuis 2020, des intentions de dépense publique successives de -4,7% ; -5,7% ; -5,5% ; -4,3% et -3,7% du Pib. Tout récemment avec le dernier projet de Loi de finance 2025, le gouvernement de Patrice Talon veut encore dépenser plus que les régies financières ne lui offrent la possibilité. Tout ceci traduit la course effrénée du Trésor public et la Caisse autonome de gestion de la dette (Cagd) d’aller s’endetter soit sur le marché financier domestique ou sur le marché international. Par ailleurs, cet appétit vorace du gouvernement a pesé lourd au cours de la période sous revue sur le consommateur final qui a été sollicité plusieurs fois à travers les services des impôts et de la douane.

Le trésor public a une boulimie des crédits bancaires, des prêts et titres bilatéraux et multilatéraux sur les marchés publics domestiques et internationaux. Parallèlement, la Direction générale des impôts est à pied d’œuvre pour les taxes nouvelles et les nouveaux impôts depuis 2020. De son côté, la Direction générale de la Douane active son système antifraude et digitalise ses guichets afin de faire pleine recette. Toutes ces mesures sont élaborées dans une symphonie de réformes de l’administration fiscale et financière sans nul autre pareil. La raison de cet excès « maladif » d’appétit financier du gouvernement de Patrice Talon est l’écart entre les recettes publiques et les dépenses de l’Etat.    

En effet, le Bénin de Patrice Talon dépense plus qu’il ne collecte de recette et qu’il en a de richesse. Chaque année ; les dépenses de l’Etat sont ainsi supérieures aux recettes publiques collectées. Ainsi, de 2020 à 2024, les écarts entre les recettes publiques et les dépenses affichent moins 424 milliards (-424 milliards) de FCFA en 2020 et moins 562 milliards (-562 milliards) de FCFA un an plus tard. En 2022 et 2023, les dépenses publiques affichent un excédent budgétaire respectif de plus de 596,4 milliards de FCFA et de plus de 511,3 milliards de FCFA.

Enfin, pour cette année budgétaire, le Bénin a entrevu dépenser 475,7 milliards de plus que sa capacité de mobilisation de recettes publiques. Ce qui fait des lois de finances du Bénin un budget déficitaire depuis la période sous revue.

C’est donc un abus de langage que de dire à chaque exercice budgétaire successif de 2020 que les budgets généraux du Bénin sont équilibrés en recettes et en dépenses. D’après les critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le déficit budgétaire encore appelé solde budgétaire est accepté à la lisière de moins 3%. En effet, selon le premier point de l’article7 de l’Acte additionnel n°01/2015/CCEG/UEMOA instituant le pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres de l’Union économique et monétaire Ouest-Africaine (Uemoa), « le ratio du solde budgétaire global, dons compris, rapporté au PIB nominal, le critère clé, doit être supérieur ou égal à -3% ».

Il est donc accepté des déficits budgétaires de -3% jusqu’à 0%. L’union accepte même les excédents budgétaires de 1% à plus l’infini, mais pas des déficits budgétaires de plus de -3% à moins l’infini. -4,7% ; -5,7% ; -5,5% ; -4,3% et -3,7% du Pib sont les taux du ratio dépense publique sur Pib.