Maroc: le journaliste et militant Omar Radi condamné à six ans de prison
Un tribunal de Casablanca a condamné lundi le journaliste et défenseur des droits humains Omar Radi à six ans de prison dans une double affaire d' »espionnage » et de « viol », un verdict dénoncé par plusieurs ONG.
Image d’illustration
Le nom de M. Radi, en détention provisoire depuis juillet 2020, figure sur une liste de journalistes et personnalités potentiellement ciblées par le logiciel Pegasus de la firme israélienne NSO, selon une enquête publiée dimanche par un consortium de médias internationaux. Le gouvernement a catégoriquement démenti le recours par ses services de sécurité au logiciel Pegasus pour espionner journalistes ou personnalités nationales ou étrangères.
Au Maroc, l’enquête pour « espionnage » contre M. Radi a été ouverte fin juin 2020 après la publication d’un rapport d’Amnesty International affirmant que le téléphone du journaliste indépendant avait été piraté via le logiciel Pegasus. M. Radi, 35 ans, affirme être poursuivi en raison de ses opinions critiques du pouvoir. Il a toujours nié les accusations à son encontre –« atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat », avoir reçu des « financements étrangers » en lien avec « des services de renseignement » et « viol ».
Devant une salle bondée, le juge a annoncé que M. Radi avait été condamné à six ans de prison dans une double affaire d' »espionnage » et de « viol ». A l’annonce du verdict, les protestations ont fusé dans la salle et des soutiens du journaliste ont improvisé un sit-in contestant le jugement au cœur du tribunal.
« Le parquet est motivé par la vengeance et non par la quête de la vérité », a clamé d’un ton confiant M. Radi, vêtu d’une t-shirt et d’un jean, à l’audience publique du procès, ouvert en avril, devant une chambre criminelle à la Cour d’appel de Casablanca.
« Injuste »
L’un des avocats de la défense, Me Miloud Kandil, s’est déclaré « déçu » par le verdict sans dire s’il allait faire appel. « Nous ne pouvons accepter un tel verdict, dur et injuste », a-t-il déclaré à l’AFP à la sortie du tribunal.
Durant son procès, M. Radi a été accusé d' »intelligence » notamment avec deux sociétés britanniques de conseil économique, G3 et K2 Consulting. Le reporter a affirmé avoir collaboré avec ces sociétés pour la réalisation d’études sur une société marocaine et la culture du palmier.