Décentralisation au Bénin: dans la forme et dans le fond, Djankaki démonte la réforme
Sur les préoccupations de mes compatriotes visant à connaître mes observations sur la réforme en cours, j’avoue qu’après deux décennies de pratique qu’il faille corriger ce qui marche le moins bien.
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Si la volonté politique est d’aller aux transferts de compétences pour faire confectionner enfin un budget de développement à chacune de nos communes, c’est une initiative salutaire. Malheureusement, les réformes dans le monde politique sont juste un alibi pour soulever les idées nobles en vue de faire appel à la loi pour contourner le droit. Tous les principes que notre société civilisée a mis des millénaires pour bâtir n’existent plus. Tous les digues sont rompus. Les dirigeants sont parfois déconnectés des réalités sociétales.
Je rappelle surtout ces choses parce que le parcours professionnel qui est le mien a l’avantage d’avoir plus de réponses à donner que des questions à poser. Nous devons arrêter de nous mentir maintenant et de n’avoir que pour ennemi, la misère et la détresse de nos populations. Nous savons tous qu’une véritable démocratie a des exigences.
Qui, parmi nous peut nier qu’il ne saurait y avoir une opposition crédible avec possibilité d’alternance de l’exercice du pouvoir dans une démocratie ?
Lorsque je prends l’élément qui incarne le monstre à trois têtes dans la réforme, j’ai immédiatement peur. J’y vois déjà des non-dits. J’ai toujours peur de ce qui s’apparente à un triumvirat. J’avoue mon hostilité à deux organes délibérants dans une assemblée locale, à savoir un conseil communal secondé par un conseil de supervision composé du Maire, des Adjoints au Maire et des Pts des commissions permanentes. Je crains ce Secrétaire Exécutif qui va jouer à la place du Maire le rôle de l’ordonnateur du budget. La souveraineté du chef est une tradition africaine. L’on comprend alors le cri de désespoir du Maire de Kpomassè Mr Kénam Mensah qui dit exactement ceci :
Un budget c’est un instrument politique. Le Maire, s’il ne suit pas son budget, s’il ne règle, il ne serait pas un homme politique. Le Secrétaire Exécutif va s’opposer à vous (le Maire) parce qu’il n’est pas de votre bord, parce qu’il ne soutient pas vos idées… C’est pourquoi je dis, il faut nous remettre notre budget. Si vous enlevez le budget, vous avez vidé le Maire de son contenu, car on va dire au village que lui, il n’a plus rien. (fin de citation)
Au regard de ces préalables nécessaires, il urge de faire deux observations.