Constitution: « Tout, vraiment tout devient possible », Yayi Boni sur les pièges de sa révision
La proposition de loi de révision de la constitution risque d’être l’objet de la prochaine crise politique qui va secouer le pays.. Déterminer à combattre cette révision, l’ancien président Boni Yayi et sa formation politique sont vent debout contre une constitution taillée sur mesure pour l’interet d’une personne.
Boni Yayi et Patrice Talon
Pour l’ancien chef d’Etat, il n’y a aucun péril à maintenir en l’état la constitution du 11 décembre 1990. A l’en croire, la non révision de la constitution ne génèrera aucun problème au système politique et à l’organisation des élections.
Pour Boni Yayi, la révision de la constitution en préparation n’est ni technique, ni nécessaire mais risquée. Lire ci-dessous l’intégralité de l’analyse de l’ancien chef d’État.
Le point de vue de Boni Yayi sur la proposition de révision de la constitution
A 2 ans de la fin de son mandat, et alors que rien ne presse, pourquoi le Président Talon entreprend-il de réviser une seconde fois la constitution du 11 décembre 1990 ? En 2019, à son initiative, lui et ses partisans ont eu le loisir de récrire la constitution, de désorganiser les institutions, d’imposer un calendrier électoral, tout ceci comme bon leur semble. La constitution du Bénin est ainsi devenue depuis le 7 novembre 2019 la constitution du président Talon. C’est ce que le Chef de l’État et son parlement, monocolore à l’époque, en ont fait. Une constitution bavarde, réécrite avec légèreté, avec amateurisme par des mains suspectes. Pour comprendre les dessous des cartes, décoder les non-dits de cette proposition, pour savoir ce qui se jouera dans les jours à venir, il importe de se poser les bonnes questions.
Et en répondant à ces questions, chacun comprendra les enjeux de ce nouveau projet de révision.
L’objet de cette note est d’abord, d’éclairer les élus de tout bord, ensuite de sensibiliser les dirigeants de l’opposition et enfin d’aider à faire échec à l’initiative en cours.
La première question qu’il importe de se poser est de savoir ce qui se passerait si la constitution n’est pas révisée avant les élections générales de 2026 ? Le pays organiserait-il de mauvaises élections ? Risquons-nous d’avoir des élections aussi opaques, aussi violentes et ensanglantées comme nous en connaissons depuis 2019 ? Que se passerait-il de grave dans le fonctionnement des institutions et dans les opérations de préparation et de déroulement des trois élections si nous maintenons la constitution en l’état jusqu’en 2026 ?
A l’étape actuelle, il est possible de répondre sans aucun risque de se tromper qu’il n’y a aucun péril à maintenir en l’état la constitution du 11 décembre 1990. Aucun problème, aucune difficulté ne se poserait.
La deuxième question est celle-ci. Si ne pas réviser la constitution ne génèrera aucun problème au système politique et à l’organisation des élections, la réviser aiderait-elle à résoudre quand même un problème donné ? Un problème flagrant et manifeste ? C’est à dire, résout-on un problème politique, un dysfonctionnement institutionnel, une imprécision normative que tout le monde voit et sur laquelle s’est dégagé un consensus ?