Bénin – Lutte contre la corruption: un chantier incohérent selon Richard Ouorou
Le politologue béninois Richard Boni Ouorou dans une analyse sur la lutte contre la corruption, affirme que le chantier est incohérent sous le président Patrice Talon et les résultats se font toujours attendre.
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Pour le politologue Richard Boni Ouorou, le score concernant la lutte contre la corruption reste globalement médiocre au Bénin. « En 2021, en effet, la note obtenue par le Bénin n’est que de 42%, ce qui le situe au 78e rang sur 180 pays évalués. Nous ne figurons donc pas parmi les plus mauvais élèves, mais il s’agit bel et bien d’un échec » indique-t-il.
Selon le consultant international, si le Bénin est monté au classement depuis l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir, passant de la 95e place à la 78e, sa note ne s’est améliorée que de 6 points de pourcentage (de 36% à 42%), et ce, en dépit de tout ce qui a été supposément fait par le gouvernement pour lutter contre la corruption.
Analyse des mécanismes mis en place
Le mois dernier, apprécie Richard Boni Ouorou, le Président Talon a créé un guichet à plaintes et à dénonciations qui se veut être la Cellule d’analyse et de traitement des plaintes et de dénonciations (CPD), nouvelle arme gouvernementale dans la lutte contre la corruption. Si l’objectif semble noble dans un pays où corrupteurs et corrompus sont toujours nombreux, poursuit-il dans son analyse, « je crains qu’il ne s’agisse en fait d’un paravent destiné à cacher d’autres intentions, plutôt inquiétantes celles-là« .
La Cellule d’analyse et de traitement des plaintes et de dénonciations, affirme le politologue, en tant que structure bureaucratique, apparaît d’entrée de jeu problématique par rapport aux dispositifs anticorruption déjà en place . « La « cellule » du Président est présentée comme une solution rationnelle à un problème réel et comme un outil de coopération citoyenne ». Mais pour le politologue, on peut se permettre de penser qu’il s’agit peut-être d’un leurre et que cette cellule pourrait faire partie d’une stratégie visant au contraire à diviser… pour mieux régner.
« On peut également se demander si cette dernière ne risque pas d’entrer en conflit d’attribution avec des institutions anticorruption déjà en place« , se demande Richard Boni Ouorou.
Redoublement de structures et de prudence
A croire Richard Boni Ouorou, la nouvelle cellule du Président Talon jouera sur un terrain où se trouve déjà un dispositif de contrôle, le haut commissariat pour la prévention de la corruption dont les attributions, selon l’Article 2 de la Loi 2020−09 , sont pratiquement les mêmes que celles données à la cellule qui sera installée à la présidence.