Bénin: « L’à¢me des morts vous persécute », depuis sa cachette, Batamoussi écrit à ses ex-collègues de la Criet
Depuis son lieu d’exil, l’ancien juge de la Criet, Essowé Batamoussi a adressé une lettre ouverte à ses ex-collègues de la juridiction spéciale. Dans cette correspondance dévoilée dans une interview de « Le Journal de l’Afrique », le juge démissionnaire revient sur les raisons de son départ et dit comprendre les difficultés de ses confrères
Image d’illustration
En exil en France depuis sa démission de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme ( Criet), Essowé Batamoussi continue de tirer à boulets rouges sur la Cour spéciale. Dans un entretien publié ce mardi 18 janvier 2022 par « Le Journal de l’Afrique », il évoque à nouveau le dossier Madougou, qui selon lui est « une pure imagination du pouvoir en place ».
Le magistrat a profité de cette énième sortie médiatique pour s’adresser à ses collègues. C’est la première fois qu’il se donne à cet exercice depuis qu’il est parti sur la pointe des pieds. « Chers collègues, Vous me connaissez et je vous connais bien. Nous avons travaillé main dans la main pendant deux ans et plus. Nous avons, face à des dossiers, échangé sur nos craintes, nos angoisses et sur nos frustrations. Le 1er avril 2021, j’ai décidé de vous abandonner et de partir. Je sais que vous avez compris mon acte », a-t-il écrit à l’entame de sa lettre ouverte.
« L’âme des morts vous persécute »
Dans ses écrits, il fait croire que son départ est lié à des troubles de sommeil, qui n’épargnent pas aussi ses collègues. Selon Essowé Batamoussi, ses troubles de sommeil seraient la conséquence des condamnations qu’il qualifie « d’arbitraires », prononcées par la juridiction. En termes clairs, l’ancien juge justifie sa fuite par la recherche de « sommeil paisible ». « L’âme des morts vous persécute. Vous et votre famille n’être plus en paix », affirme-t-il.
Je sais que vous avez envie de faire comme moi. Quitter. Partir. Pour avoir le sommeil paisible, la paix du cœur et de l’esprit.
Essowé Batamoussi
Comme s’il vivait la même chose, Batamoussi évoque des lamentations d’enfants de condamnés qui tourmentent le sommeil des juges. « Ces enfants, je les entends dire : « Monsieur le juge, j’ai vu le ministre et il m’a demandé de venir te voir. Il a dit que c’est toi qui m’as rendu orphelin. Monsieur le juge, je veux mes parents pour me donner à manger, m’habiller et m’amener à l’école, comme toi tu le fais avec tes enfants » », a-t-il écrit.
Essowé Batamoussi victime de manipulation ?
On en peut parler du timing de la démission du juge Essowé Batamoussi sans fait allusion au dossier Madougou. D’ailleurs, depuis qu’il a pris la tangente, c’est la seule affaire dont il parle et qui selon lui serait la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Pourquoi c’est lorsqu’il s’est agi de Reckya Madougou, qu’il découvre subitement qu’il faut partir pour avoir « le sommeil paisible ». Comme il n’a de cesse de le dire lui-même, l’indépendance des juges de la Criet aurait été mise à rude épreuve dans plusieurs autres dossiers, mais pourquoi n’était-il pas parti depuis ?