L’Institut national de la femme (INF) a présenté un bilan remarquable dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) au Bénin. À l’occasion de la Journée internationale de la femme, ce vendredi 7 mars 2025, Flore Djinou, secrétaire exécutive de l’INF, a révélé des chiffres impressionnants témoignant de l’efficacité des actions de l’institution. La cérémonie s’est tenue au Palais des congrès de Cotonou sous le thème : « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ».
Depuis sa création en septembre 2021, l’INF a enregistré une augmentation constante du nombre de plaintes et de décisions de justice liées aux VBG. Entre septembre 2021 et décembre 2022, l’institution a reçu 298 plaintes, débouchant sur 15 décisions de justice. En 2023, le nombre de plaintes a grimpé à 1 117, avec 177 décisions de justice. La tendance s’est nettement accélérée en 2024, avec 2 109 plaintes enregistrées et 390 décisions de justice rendues.
Rien qu’au cours des deux premiers mois de 2025, l’INF a déjà traité 732 plaintes, illustrant une augmentation significative des signalements. Cette hausse, selon Flore Djinou, n’est pas uniquement le signe d’une augmentation des violences, mais aussi le résultat d’une meilleure sensibilisation et d’un renforcement de la confiance des victimes envers l’INF et les autorités judiciaires.
Un cadre législatif renforcé pour une meilleure prise en charge
L’INF s’appuie sur un cadre juridique solide qui encadre son action. Trois textes de loi majeurs soutiennent son travail à savoir la loi sur la répression des infractions commises en raison du sexe des personnes, le Code des personnes et de la famille, révisé et actualisé et la loi sur la santé sexuelle et reproductive.
Grâce à ce dispositif, l’INF peut se constituer partie civile dans les affaires de violences basées sur le genre et accompagner les victimes dans le processus judiciaire. L’institution mobilise une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues cliniciens, d’assistantes sociales, d’avocates et de juristes, qui assurent une prise en charge complète — psychologique, juridique et sociale. Tous ces services sont gratuits pour les victimes, y compris l’assistance médicale et les frais de procédure.
Sensibilisation et formation des acteurs de terrain
L’INF a mis un accent particulier sur la formation des acteurs clés, notamment les officiers de police judiciaire, afin de garantir un accueil respectueux et bienveillant des victimes. Les policiers sont désormais mieux formés pour éviter de culpabiliser les victimes lors des dépôts de plainte.
Flore Djinou a également rappelé le travail de sensibilisation intensifié au sein des ministères et des structures publiques. Lors des 16 jours d’activisme en 2024, des actions ont permis d’informer les victimes sur leurs droits, y compris la prescription de six ans pour les cas de harcèlement sexuel. « La parole se libère et la peur change de camp. Ce ne sont plus les victimes qui ont peur, mais les auteurs de violences », a déclaré la secrétaire exécutive.
L’INF accompagne également les victimes qui hésitent à poursuivre les procédures en raison des pressions sociales ou familiales. Dans ces cas, l’institution se substitue à la victime pour engager et suivre la procédure judiciaire jusqu’à son terme.
Au-delà de la prise en charge psychologique et juridique, l’INF apporte un soutien logistique et financier aux victimes. L’institution couvre les frais de transport, d’hébergement et de restauration pour les victimes appelées à comparaître devant les juridictions compétentes. Ce soutien permet d’éviter l’absentéisme lors des procès et de garantir une prise en charge globale.
Des services accessibles sur tout le territoire
Pour renforcer l’accessibilité des services, l’INF a mis en place des guichets uniques de protection sociale dans chaque département du pays. Les victimes peuvent y obtenir une assistance directe et immédiate. De plus, le numéro d’alerte 01 51 07 88 88 est disponible 24h/24 pour signaler des cas de violence. À partir de la semaine prochaine, le call center 114 sera opérationnel, permettant aux victimes et témoins de dénoncer les violences en toute confidentialité.
Flore Djinou a réaffirmé l’engagement de l’INF à continuer à soutenir les victimes, à renforcer la prévention et à garantir une justice équitable pour toutes les femmes et filles du Bénin. « Nous avons fait des progrès significatifs, mais le combat est loin d’être terminé. Nous resterons mobilisés jusqu’à ce que chaque femme et chaque fille se sente protégée et écoutée », a-t-elle conclu.