Le Conseil supérieur de la Magistrature du Burkina Faso a contesté les propos du Premier ministre Albert Ouedraogo qui a déclaré dans une interview mardi dernier, que le Conseil avait été approché avant même que Blaise Compaoré ne foule le sol des hommes intègres.
Le Premier ministre Burkinabé, Albert Ouédraogo, a expliqué mardi 23 août 2022, la démarche des autorités de la transition qui ont fait venir l’ancien président Blaise Compaoré à Ouagadougou, dans le cadre de la réconciliation nationale. D’après le chef de la Primature, ce n’était pas une manière de tordre le coup à la justice, de consacrer l’impunité, mais de dire que les Burkinabè sont capables de faire l’union sacrée. Et pour couronner le tour, Albert Ouedraogo est allé jusqu’à dire que le gouvernement Burkinabé s’est rapproché de la justice pour lui expliquer son intention qui, selon lui, n’est pas dans l’objectif de piétiner la justice. Ceci, avant que Blaise ne vienne.
Le regret…
« Nous avons aussi approché le Conseil supérieur de la magistrature et nous lui avons expliqué la démarche que nous sommes en train de mener et rassurer que nous ne sommes pas en train de tordre le coup à la justice, de consacrer l’impunité, mais de dire que les Burkinabè sont capables de faire l’union sacrée que nous vivons », a déclaré M. Ouédraogo.
Mais la justice a cependant, déclaré n’avoir pas été associée par le gouvernement dans cette affaire: « Le Conseil supérieur de la Magistrature est cependant au regret de ne pouvoir s’associer à l’information ainsi donnée, n’ayant jamais été approché sur la question », a clarifié le CSM qui a ajouté en guise de conclusion qu’il « maintient et réaffirme son engagement à continuer dans la vérité des faits et dans les limites de la loi, de collaborer avec les autres institutions pour le bien de la République ».
Lundi, la famille de l’ancien président Burkinabé, Thomas Sankara, a aussi démenti les propos du Premier Ministre Albert Ouédraogo au sujet de la venue de Blaise Compaoré au Burkina Faso. Elle a dit n’avoir pas été informée au préalable et qu’elle a appris la venue de l’ex-président, à travers les médias comme d’autres Burkinabè.
Un retour controversé
Le Jeudi 07 juillet 2022, Blaise Compaoré était à Ouagadougou sur invitation du président Damiba. Vendredi, il a participé à une rencontre de haut niveau à la quelle tous les anciens présidents étaient conviés. Placée sous le sceau de la réconciliation nationale, la rencontre annoncée en grande pompe n’a connu que la participation de Damiba et deux de ses prédécesseurs à savoir: Blaise Compaoré et Jean-Baptiste Ouédraogo.
Roch Kaboré renversé le lundi 24 janvier 2022 n’a pas pu prendre part à la rencontre car « empêché par un groupe d’individus », selon le Président du Faso. Michel Kafando, soufrant, n’était pas également de la partie. Il en est de même pour Isaac Zida en exil au Canada pour des « raisons administratives », précise le lieutenant-colonel Damiba.
Au terme de la rencontre, les participants ont appelé à l’union et à la cohésion sociale, en dépassant toutes les clivages politico-ethniques afin de faire efficacement face aux maux qui entravent la stabilité et le développement du pays, en l’occurrence le terrorisme.
Notons que le retour de Blaise Compaoré sans inquiétude au Burkina Faso, après 08 ans d’exil en Côte d’Ivoire, a suscité des critiques en raison de sa condamnation à la prison à perpétuité pour « complicité d’assassinats » et « atteinte à la sûreté de l’État ».