Sergueï Lavrov a jugé vendredi que les critiques de Paris à l’encontre du gouvernement malien reflétaient la volonté de continuer à lui dicter sa conduite et a annoncé que la Russie était prête à soutenir le Mali, confronté à de graves défis sécuritaires.
La Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, est disposée à favoriser la normalisation de la situation au Mali, y compris moyennant la formation des militaires et des agents de l’ordre public du pays. C’est ce qu’a annoncé vendredi Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse à l’issue des pourparlers avec son homologue malien Abdoulaye Diop.
M. Lavrov a mis en cause la décision de Paris de suspendre au Mali les opérations Takuba et Barkhane, en soulignant que cela engendrait le risque des formations armées anarchiques dans la région, ce qui menacerait l’intégrité territoriale du pays. Selon le ministre russe, une telle réaction française à la demande d’aide adressée par les autorités maliennes aux structures extérieures signifiait « une récidive d’esprit colonial » dont les Européens feraient mieux de se débarrasser.
Pour rappel, la France, avec ses alliés de l’opération internationale antiterroriste Takuba, a annoncé, en février dernier, le retrait de ses troupes du Mali après que le gouvernement français a exigé que la France retire ses troupes sans délai. La décision de Bamako aurait été motivée par des violations persistantes des accords de défense.
Le premier ministre malien Choguel Kokalla Maiga a déclaré que l’opération Takuba, qui comprend des unités des pays de l’Union européenne dirigées par la France, visait à diviser le Mali. L’opération Takuba avait été mise en place au printemps 2020 pour lutter contre les groupes terroristes dans la région du Sahel, notamment au Mali. Il comprend des unités provenant de 15 pays de l’UE et du Royaume-Uni. Le groupe compte désormais jusqu’à 900 personnes.
En ce qui concerne l’opération Barkhane, la France l’a lancée en août 2014 pour combattre les groupes islamistes au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie, au Niger et au Tchad. Elle s’inscrit dans la continuité de l’opération Serval que les militaires français ont menée au Mali en 2013-2014.