Mozambique: des gardiens de prison obligent des détenues à se prostituer et punissent celles qui refusent
Selon une organisation locale de lutte contre la corruption, les gardiens de la plus grande prison pour femmes du Mozambique forcent les détenues à se prostituer et punissent celles qui refusent.
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Dans un rapport publié mardi par le Centre pour l’intégrité publique, les gardiens de la prison pour femmes de Ndlavela, à Maputo, obligent les détenues à avoir des relations sexuelles avec des clients pour un montant compris entre 50 et 250 dollars, argent que les gardiens empochent pour eux-mêmes. Les femmes sont sorties de la prison « trois ou quatre fois par semaine » et emmenées dans des pensions de famille où elles sont proposées à des clients « bien placés dans la société », selon le rapport.
Les jeunes détenues, minces et claires sont les plus recherchées
Celles qui s’exécutaient se voyaient offrir un traitement spécial en prison, mais celles qui ne le faisaient pas étaient « torturées », selon le CIP. Le directeur du CIP, Edson Cortez, a déclaré à l’AFP que l’exploitation sexuelle dure depuis plus de dix ans.
Le CIP a utilisé des caméras cachées dans le cadre de son enquête et a présenté des preuves photographiques et vidéo du racket lors d’une conférence de presse tenue à Maputo mardi. Les visages et les voix des femmes abusées ont été floutés pour qu’il soit impossible de les identifier. Mais le CIP affirme avoir conservé les films et les photographies originaux en lieu sûr, et être prêt à les remettre aux autorités judiciaires pour une enquête officielle sur le scandale.
À trois reprises, les enquêteurs du CIP ont sollicité de jeunes détenues purgeant une peine à la prison pour femmes de Ndlavela, prétendument pour des relations sexuelles. Celles-ci étaient livrées en échange du versement d’argent aux gardiens de la prison. Mais le véritable objectif de ces rencontres était de recueillir des informations sur le fonctionnement du réseau d’exploitation sexuelle des prisonnières.
Des SMS montrent des marchandages sur le prix. Lorsqu’un enquêteur du CIP a demandé deux femmes, on lui a dit qu’elles coûteraient 15 000 meticais chacune. Seules des personnes relativement riches peuvent se permettre de payer une telle somme pour une brève rencontre sexuelle.
Les femmes que les clients recherchent sont généralement des détenues jeunes, minces et à la peau relativement claire. Un SMS disait : « Les plus jeunes sont les plus demandées et sont les plus chères. Dis à ton ami d’augmenter le montant ». L’argent est partagé entre les gardiens impliqués dans le plan visant à faire sortir les détenues de la prison. À chacune des trois occasions où les enquêteurs du CIP ont demandé des détenues, le prix payé était différent.