Le ver dans la pomme de discorde entre le Bénin et le Niger
Les masques sont enfin tombés sur le bras de fer Niamey-Cotonou. Alors qu’était pointé du doigt la posture des nouvelles autorités du Niger par celles du Bénin, comme rendant raide les relations entre les deux pays, une sortie médiatique met à découvert les tireurs de ficelles.
Abdourahamane Tchiani du BeÌnin et Patrice Talon du BeÌnin
Dans cette manœuvre à visage découvert, lors d’une conférence de presse à Niamey pourtant tenue par des soutiens du pouvoir, des limites sont émises sur les propos du premier ministre du Niger, sensé porter la voix officielle du pays et une nouvelle version rafistolée de façon subreptice à ses allégations pour attiser la rengaine.
De l’implantation de bases militaires française au Bénin pour attaquer le Niger, on est passé à des bases militaires françaises qui entrainent des terroristes, aux légionnaires Noirs de peau qui se font passer pour des militaires Béninois et qui forment une partie de la population qu’ils ont réussi à manipuler, instrumentaliser et faire croire que l’ennemi c’était les pays qui comme par hasard s’opposaient à l’influence française.
En vrai, c’est tout le sérieux de l’appareil d’Etat de tout un pays qui est tourné à la ridicule par un individu mieux informé que tout le service de renseignement qui devrait le cas échant être mis sur le carreau. La parole d’un Etat n’est pas à géométrie variable et au gré de l’humeur de tiers. Mais une logique sur la base d’éléments probants et non d’allégations colportées par des tiers aux intérêts inavoués.
Pour un service, celui-ci semble être le zèle de trop qui aura mis à nu toute l’orchestration. Et à défaut de passer pour être des strapontins malléables et manipulables à souhait par un quidam, les nouvelles autorités nigériennes devraient prendre leurs distances des personnes de cet acabit. Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute, enseigne la maxime.
Mais comment peut-on expliquer cela ?
La stratégie est bien connue de Machiavel à Sun Tzu. Et l’art du diviser pour régner est la plus vielle des recettes. Tant que le mur n’est pas lézardé, aucun cafard ne peut s’y introduire dit la sagesse africaine. La semaine d’avant, le Bénin défendait à peine l’inexistence de l’implantation de bases militaires françaises sur son territoire, face à la réticence des autorités nigériennes d’ouvrir la frontière entre leur pays et Bénin via le pont sur le fleuve Niger ralliant Malanville à Gaya.
Et pourtant, des personnes et des vivres transitaient depuis lors sur le fleuve par des embarcations. Des cas de naufrage ont même été déplorés et des mesures prises. Face à cette position non justifiée selon Cotonou, l’embargo mis sur le chargement du pétrole nigérien sur les eaux béninoises a servi d’éléments catalyseur pour étaler le problème à la face du monde, avant qu’il ne soit levé. Une posture de Niamey qui normalement ne devrait perdurer selon Cotonou après l’ouverture de la frontière du côté du Bénin suite à la levée des sanctions de la CEDEAO, une mesure conservatoire face à la tendance à légalisation de coups d’Etats comme mécanisme d’accession au pouvoir.